Les premiers outils d’évaluation des filières s’intéressaient aux aspects économiques. Le Cirad, suivant en cela la demande des professionnels des filières, poursuit des recherches originales dans le domaine de l’évaluation environnementale et sociale des filières. En effet, la production de biens alimentaires consomme des ressources et entraîne des pollutions, produisant ainsi différents types d’externalités, mais elle est indispensable. Elle génère aussi des effets sociaux positifs ou indésirables. Même si certaines grandes firmes transnationales veulent atténuer leurs impacts environnementaux et améliorer leurs impacts sociaux, leur bonne volonté ne suffit pas. Il est nécessaire d’évaluer de la manière la plus pertinente possible les conséquences environnementales et sociales de leurs actions. Ce chapitre met l’accent sur les méthodes d’analyse du cycle de vie, car elles s’articulent bien avec un raisonnement en filière et sont les seules – par construction – à se préoccuper de transferts d’impacts. Comme les émissions de pollutions (ou les lieux de consommation des ressources non renouvelables) générées par une filière sont dispersées sur un grand nombre de sites, l’étude par analyse du cycle de vie remplace la mesure directe des émissions. Ce sont des méthodes de comptage indirectes, à partir de références moyennes stockées dans des bases de données. Diverses configurations sont possibles pour délimiter les frontières (au minimum spatiales, temporelles, mais aussi des acteurs affectés, dans le cas de l’analyse du cycle de vie sociale) du système qui sera étudié par ce type d’analyse. L’étendue du changement (marginal ou modifiant la structure du système) influence aussi la fixation des frontières du système. La variété et la sophistication des outils se rapportant à ce type d’analyse témoignent de la forte demande sociale en émergence. L’évaluation répond à quatre besoins principaux : assurer son pouvoir de marché, ajuster l’action, savoir pour décider et besoin de se rassurer.