Cet article s’intéresse aux préférences des individus en matière de préservation de la biodiversité forestière et à l’influence que peuvent avoir les caractéristiques de leur lieu de vie sur la formation de ces préférences. L’analyse est menée à partir d’une étude dont l’objectif était d’évaluer, avec la méthode des choix multi-attributs, les valeurs non marchandes des forêts publiques, pour la France métropolitaine. Cette étude s’intéressait à différentes options de gestion sylvicole qui peuvent avoir des impacts différenciés pour certains paramètres de la biodiversité : la structure et les essences forestières, la densité des rémanents et des arbres à haute valeur écologique. Plusieurs résultats ressortent de nos analyses : 1/ D’une manière générale, les Français ont tendance à valoriser les aspects visibles et familiers de la biodiversité forestière (essences plutôt que rémanents) ; 2/ La connaissance, la sensibilité écologique, et l’expérience participent à la formation des préférences en matière de biodiversité ; de même que le lieu de vie des individus, les résidents de communes plutôt forestières ou urbaines révélant une sensibilité plus forte aux enjeux de conservation de la biodiversité. Dans le contexte actuel où le recours aux évaluations économiques de la biodiversité et des services écosystémiques et l’élaboration de valeurs de référence sont de plus en plus plébiscités comme l’un des moyens permettant d’atteindre les objectifs fixés par la Stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020, ce dernier résultat conforte la nécessité de spatialiser les valeurs ; l’intérêt de cette spatialisation étant de donner une indication sur les lieux prioritaires de conservation, du point de vue de la demande.