Apport de l'approche géohistorique pour l’étude de la biodiversité forestière. Le cas de la flore herbacée dans les Préalpes - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2016

Apport de l'approche géohistorique pour l’étude de la biodiversité forestière. Le cas de la flore herbacée dans les Préalpes

Résumé

En Europe, les paysages ont été façonnés par les activités humaines, entraînant une fluctuation considérable des surfaces forestières. Après une longue période de régression et l’atteinte d’un minimum forestier au milieu du XIXème siècle, la forêt a progressivement recolonisé les terres agricoles abandonnées, au point de voir sa superficie quasiment doublé. Ces surfaces nouvellement boisées, soit naturellement, soit par plantations (notion de forêts récentes) s’opposent ainsi à des surfaces dont l’usage forestier a été continu dans le temps et l’espace (notion de forêts anciennes). Afin de restituer les trajectoires paysagères et de préciser les impacts relatifs aux anciens usages sur la flore, une approche combinant géohistoire et science de l’environnement a été mise en place. Un dispositif d’étude de 70 sites, en forêts anciennes ou récentes, a été développé dans les Préalpes (Vercors, Chartreuse et Bauges). Pour chacun des sites : (i) des états antérieurs permettant d’envisager les évolutions paysagères ont été précisés via la mobilisation d’archives planimétriques et textuels du XVIIIème et XIXème siècles (cadastre Sarde, cadastre napoléonien et carte d’État-major), (ii) l’état des peuplements en place a été caractérisé via des relevés dendrométriques, (iii) les conditions édaphiques (pH, taux d’azote et de phosphore…) ont été déterminées via des relevés pédologiques et, (iv) la flore forestière a été caractérisée via des relevés phytosociologiques exhaustifs. Nos résultats montrent que l’évolution spatio-temporelle des espaces boisés dans les Préalpes s’est faite majoritairement par une colonisation progressive contiguë, amont et aval, des forêts anciennes, au détriment des pâtures et prairies. La persistance dans le temps des pratiques passées est cependant peu marquée dans notre contexte. En effet, l’analyse des structures forestières et des propriétés des sols montre une absence de lien entre les variations observées de ces paramètres et l’usage ancien des sites. Aussi, la réponse de la flore forestière à l’ancienneté des forêts, bien que significative, reste limitée et est avant tout influencée par les conditions environnementales locales (pH, lumière). Au regard des effets documentés de l’ancienneté des forêts sur la biodiversité, nos résultats apparaissent contradictoires. Cependant, la majorité des études ayant adopté une approche géohistorique de la biodiversité a été réalisée en contexte de plaine, i.e. dans des paysages globalement peu boisés et fragmentés. Dans les Préalpes, les taux de boisement atteignent 65%, la proportion de forêts anciennes est de l’ordre de 70-80%, les surfaces boisées sont peu fragmentées et la matrice non-forestière est gérée de manière extensive (e.g. prairies permanentes). La combinaison de ces facteurs nous permet de tirer les conclusions suivantes : (i) les pratiques passées ont été d’une manière générale peu impactantes, n’influençant que faiblement la qualité de l’habitat entre forêts anciennes et récentes ; (ii) la dominance des forêts anciennes, associée à une recolonisation contiguë des forêts récentes a permis à la biodiversité une colonisation accélérée et efficace de ces « nouvelles » forêts. Globalement, nos résultats montrent que l’effet des usages anciens sur la biodiversité est contexte dépendant et soulignent l’importance de la prise en compte des conditions environnementales locales pour une description plus fine des patrons de biodiversité.

Mots clés

Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02604905 , version 1 (16-05-2020)

Identifiants

Citer

P. Janssen, Sophie Garcin, Dominique Baud. Apport de l'approche géohistorique pour l’étude de la biodiversité forestière. Le cas de la flore herbacée dans les Préalpes. Géohistoire de l’environnement et des paysages, Oct 2016, Toulouse, France. pp.30. ⟨hal-02604905⟩
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