Réponse de la biodiversité à la maturité des peuplements et à l'ancienneté des forêts : le cas des Préalpes - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2016

Réponse de la biodiversité à la maturité des peuplements et à l'ancienneté des forêts : le cas des Préalpes

Résumé

Depuis les années 1980, de nombreuses études ont été conduites afin de mieux comprendre les déterminants de biodiversité en forêt. Comparant des forêts exploitées à des forêts non-exploitées ou des jeunes forêts à des vieilles forêts, ces études ont mis en évidence l’importance d’attributs associés aux peuplements surmatures pour de nombreuses espèces. Les résultats de ces travaux ont permis d’initier un processus en faveur d’une meilleure reconnaissance de la fonction écologique des forêts et de leur rôle dans la préservation de la biodiversité (e.g. Conférence Ministérielle d’Helsinki pour la protection des forêts en Europe, 1993). En France, cela s’est notamment traduit par une incitation aux gestionnaires à laisser une plus grande place dans les peuplements aux arbres de gros diamètre et aux bois morts. Conduites majoritairement en forêt boréale, i.e. dans un contexte paysager, bioclimatique et historique différent du domaine tempéré, ces études ne tiennent cependant pas compte de la notion d’ancienneté des forêts (i.e. de la continuité temporelle de l’état boisé). Cette notion apparaît pourtant comme pertinente pour expliquer certains patrons de biodiversité. En ce sens et dépendamment du groupe taxonomique considéré, une forêt ancienne, même rajeunie par une perturbation (exploitation, feu, avalanche…), pourrait jouer un rôle pour la conservation de la biodiversité tout aussi important qu’une forêt récente constituée de peuplements très matures. Cette relation a priori contrastée entre biodiversité et maturité d’une part et biodiversité et ancienneté d’autre part, soulève de nombreuses questions quant aux choix stratégiques à mettre en place pour une conservation optimale de la biodiversité forestière. En ce sens, il apparaît opportun de s’interroger sur la contribution relative de ces différents « types » forestiers pour expliquer les patrons de biodiversité de plusieurs groupes taxinomiques. Afin de préciser les effets relatifs de l’ancienneté et de la maturité sur la biodiversité, une approche combinant géohistoire et science de l’environnement a été mise en place. Un dispositif d’étude de 70 sites, croisant des forêts anciennes ou récentes avec des peuplements peu matures ou très matures, a été développé dans les Préalpes (Vercors, Chartreuse et Bauges). Pour chacun des sites : (i) les états antérieurs ont été précisés, (ii) l’état des peuplements en place a été caractérisé, (iii) les conditions édaphiques ont été déterminées et, (iv) différents groupes taxinomiques ont été caractérisés (flore vasculaire, coléoptères saproxyliques, macro-lichens épiphytes, collemboles et champignons). Nos résultats montrent que l’évolution spatio-temporelle des espaces boisés dans les Préalpes s’est faite majoritairement par une colonisation progressive contiguë, amont et aval, des forêts anciennes, au détriment des pâtures et prairies. La persistance dans le temps des pratiques passées est cependant peu marquée dans notre contexte. En effet, l’analyse des structures forestières et des propriétés des sols montre une absence de lien entre les variations observées de ces paramètres et l’usage ancien des sites. Aussi, la réponse de plusieurs groupes taxinomiques est avant tout influencée par la maturité des peuplements, en particuliers pour les coléoptères saproxyliques. Pour la flore forestière, bien que les assemblages soient significativement influencés par l’ancienneté des forêts, la réponse reste peu marquée et est avant tout influencée par les conditions environnementales locales (pH, lumière). Au regard des effets documentés de l’ancienneté des forêts sur la biodiversité, nos résultats apparaissent contradictoires. Cependant, la majorité des études ayant adopté une approche géohistorique de la biodiversité a été réalisée en contexte de plaine, i.e. dans des paysages globalement peu boisés et fragmentés. Dans les Préalpes, les taux de boisement atteignent 65%, la proportion de forêts anciennes est de l’ordre de 70%, les surfaces boisées sont peu fragmentées et la matrice non-forestière est gérée de manière extensive (e.g. prairies permanentes). La combinaison de ces facteurs nous permet de tirer les conclusions suivantes : (i) les pratiques passées ont été d’une manière générale peu impactantes, n’influençant que faiblement la qualité de l’habitat entre forêts anciennes et récentes ; (ii) la dominance des forêts anciennes, associée à une recolonisation contiguë des forêts récentes a permis à la biodiversité une colonisation accélérée et efficace de ces « nouvelles » forêts. Globalement, nos résultats montrent que l’effet des usages anciens sur la biodiversité est contexte dépendant et soulignent l’importance de la prise en compte des conditions environnementales locales pour une description plus fine des patrons de biodiversité.

Mots clés

Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02604906 , version 1 (16-05-2020)

Identifiants

Citer

P. Janssen. Réponse de la biodiversité à la maturité des peuplements et à l'ancienneté des forêts : le cas des Préalpes. Forêts anciennes, Enjeux et perspectives pour les territoires du Massif central - Journée d’échanges, Apr 2016, Saint-Gervais-Sous-Meymont, France. pp.39. ⟨hal-02604906⟩

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