Do adaptive phenotypic plasticity and spatially varying selection modify the effects of anthropogenic pressures in the European eel population?
La plasticité phénotypique adaptative et la sélection spatialement variable chez l'anguille européenne modifient-elles l'effet des pressions anthropiques sur la population ?
Résumé
La population d’anguille européenne (Anguilla anguilla) est en déclin depuis les années 80, à tel point qu’elle est classée aujourd’hui en danger critique d’extinction dans la liste rouge de l’UICN. Les caractéristiques du cycle biologique de cette espèce la rendent particulièrement sensible à une grande variété de menaces et les mesures de conservation représentent un défi majeur. La reproduction de cette espèce catadrome et panmictique a lieu en mer des Sargasses, et est ensuite suivie d’un transport passif des larves par les courants océaniques jusqu’aux eaux continentales du Maroc à la Norvège. Ces particularités favorisent l’émergence d’une plasticité phénotypique plutôt qu'une adaptation génétique locale comme réponse adaptative à un environnement hétérogène et spatialement structuré. Le modèle EvEel (evolutionary ecology-based model for eel), visait à explorer si la variabilité spatiale en termes de traits d'histoire de vie, d'attributs démographiques et de tactique de vie, pouvait être le résultat d'une plasticité phénotypique adaptative. Basé sur des hypothèses de maximisation de fitness, le modèle est capable de reproduire la plupart des patrons observés à l'échelle du bassin-versant et à l'échelle de l'aire de répartition. Cela suggère que le déterminisme du sexe, la taille à maturation et le choix de l'habitat de croissance seraient autant de mécanismes plastiques permettant à l’anguille de faire face à un environnement changeant. Le but de ce travail de doctorat est de poursuivre le développement d’EvEel en ajoutant une composante génétique à la composante plasticité adaptative, et d’en analyser les conséquences sur la dynamique de la population. Une première exploration du modèle permettra de vérifier si dès la prise en compte des mécanismes de sélection locale qui seront ajoutés permettent de mieux reproduire les patrons spatiaux que ne le faisait la première version du modèle. Ensuite, l’impact des pressions anthropiques (rupture de connectivité, mortalité par pêche ou par pollution) sera intégré au niveau des processus de colonisation et de mortalité afin d'en quantifier les conséquences en termes de biomasse féconde et d'attributs démographiques dans la population. Après cette phase théorique, une étape de calibration/ validation sur données réelles sera tentée pour le cas de la Garonne-Dordogne. À terme, ce modèle pourra servir d’outil d’aide à la décision pour tester différents scénarios de gestion.