L'eau en péril ? - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Ouvrage Année : 2016

Water in danger?

L'eau en péril ?

D. Lefèvre
Vazken Andréassian

Résumé

La planète Terre, parmi les quatre planètes dites telluriques (Mercure, Vénus, la Terre et Mars), est celle qui contient proportionnellement le plus d’eau. De plus, la Terre ne perd pratiquement pas de son eau, contrairement à Mars, par exemple, qui semble avoir été plus riche en eau autrefois. Cette eau sur Terre connaît un mouvement perpétuel entre les océans et les continents, que l’on désigne par le « cycle de l’eau », et qui a suffi à nos besoins et à ceux de tous les êtres vivants habitant notre planète ; plus précisément, la taille des écosystèmes naturels de la planète s’est adaptée à la quantité d’eau apportée localement par le cycle de l’eau, presque nulle dans les zones désertiques, et très abondante dans les zones tropicales et équatoriales, y entretenant des écosystèmes luxuriants. L’homme, quant à lui, était jusqu’au XIX° siècle un « petit » utilisateur de la ressource ; il cohabitait avec ces écosystèmes et les utilisait à son profit en les aménageant pour se nourrir, s’habiller, se loger, se chauffer… Mais depuis plus d’un siècle environ, l’homme s’est mis à prendre une place de plus en plus importante dans l’appropriation de la ressource en eau, réduisant ici ou là les autres utilisateurs à la portion congrue, et aménageant l’espace à son seul profit. De près d’un milliard en 1800, à 2 milliards vers 1925, puis plus de 7 milliards aujourd’hui, l’homme risque de manquer d’eau, au moins localement, ou de se voir confronté à des problèmes considérables de qualité de l’eau car, non content de se l’approprier, l’homme s’est laissé aller à contaminer de façon importante une très large fraction des eaux qu’il utilise puis rejette dans l’environnement. Enfin, les rejets anthropiques de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont déjà eu et auront dans le futur proche un effet considérable sur le climat, la température et les précipitations. Où allons-nous, en matière d’eau ? C’est à cette question que s’adresse ce bel ouvrage « L’eau en péril » de Denis Lefèvre, clair, vivant, très bien documenté et pédagogique, qui examine de façon exhaustive toutes les facettes de la « question de l’eau ». Les données et arguments assemblés sont récents, pertinents, fiables, et permettent de comprendre les enjeux actuels essentiels liés à l’eau. En réalité, ce n’est pas l’eau qui est en péril, c’est nous, les humains, qui sommes en péril devant la raréfaction de la quantité d’eau disponible, quand on l’exprime par tête d’habitant, du fait de la croissance démographique et du changement climatique ; la zone aride est évidemment la plus touchée. La croissance démographique est le facteur dominant, notamment en Afrique où la situation risquera bientôt de devenir catastrophique, tant en matière d’eau que de nourriture, avec une population prévue par les Nations Unies de 4 milliards en 2100 (contre 1,2 milliards aujourd’hui), sur une planète qui en comptera alors plus de 11 milliards. Pour moi, le vrai défi est là, tenter de réduire la fraction des ressources que l’humanité s’attribue pour en laisser à la nature, à la biodiversité, aux écosystèmes si complexes qui constituent notre environnement naturel. Et l’eau est peut-être la ressource majeure qu’il nous faut partager, avec la nature, bien sûr, mais également de façon plus équitable entre nous, les humains, qui avons construit un monde qui devient de plus en plus caricaturalement injuste. Une des questions soulevées est la façon dont nous avons peuplé la planète : environ 21% de l’humanité réside dans la zone aride et les steppes, où elle ne dispose que de 2% environ des ressources en eau… et c’est là que souvent la croissance démographique est la plus forte ! Pour aboutir à une planète plus juste, il y a lieu de s’interroger sur les migrations de population à prévoir ou à organiser, en anticipant l’arrivée de réfugiés climatiques, de réfugiés des conflits, notamment ceux liés à l’eau ou à la pénurie de nourriture, ou de réfugiés fuyant des zones ravagées par des événements extrêmes, dont l’intensité devrait s’amplifier du fait du changement climatique… Cette question des réfugiés est d’actualité, mais pourrait connaître une toute autre ampleur dans le futur. « L’eau en péril » fournit une perspective très bien construite des différentes facettes du problème de l’eau, c’est-à-dire des composantes élémentaires des difficultés à venir qu’il faudra régler, en partant tout d’abord des crues, avec l’exemple de la crue de 1910 à Paris, puis d’un état des lieux de nos besoins en eau, en distinguant, comme il est urgent de savoir le faire, les « couleurs » de l’eau (verte pour la ressource pluviale, bleue pour l’eau prélevée en rivière ou en nappe, grise pour mesurer la pollution), concepts assez nouveaux qui permettent de beaucoup mieux cerner nos différents besoins. Ensuite vient l’analyse du rôle de l’eau dans nos activités économiques (agriculture, industrie, transport, loisirs…), puis un état des lieux exhaustif de nos ressources actuelles en France, et enfin une analyse de notre système de gestion de l’eau, notamment grâce aux Agences de l’eau de nos grands bassins hydrographiques (Seine, Rhône, Loire, Rhin, Garonne, etc.). A la question « allons-nous manquer d’eau ? », l’auteur répond par une analyse de l’effet prévisible du changement climatique en France, puis examine les questions de qualité de l’eau avec la Directive Cadre Européenne sur l’eau de 2000, censée permettre de recouvrer un bon état qualitatif écologique et chimique pour toutes les eaux européennes, d’ici 2021 ou à défaut au plus tard 2027 ; les possibilités de dessalement de l’eau de mer, de réemploi des eaux usées traitées, etc., sont alors citées. Le risque de crues, déjà évoqué en introduction du livre, est repris de façon plus générale, car ce risque semble être renforcé par le changement climatique. Le dernier chapitre analyse les grands défis globaux du 3° millénaire en matière d’eau, et évoque les solutions qui pourraient être mises en oeuvre. La conclusion clos le débat en qualifiant l’eau d’enjeu vital, local et global, et en concluant qu’en matière d’eau, « nous n’avons pas le choix : nous sommes sommés de réussir… Gaston Bachelard avait raison : l’eau est le miroir de notre avenir ».
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02605425 , version 1 (16-05-2020)

Identifiants

Citer

D. Lefèvre, Vazken Andréassian. L'eau en péril ?. Quae, pp.168, 2016. ⟨hal-02605425⟩

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