La méthode ARPEGES s'appuie sur la démarche générale de diagnostic proposée par le Comité d'orientation pour des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement (Corpen). Cette approche descriptive et experte des milieux définit le risque de contamination comme résultant d'une conjonction entre la vulnérabilité des masses d'eau et l'utilisation de produits phytosanitaires (« pression phytosanitaire »). Ce « guide » d'interprétation est volontairement axé sur la compréhension de l'évaluation de la vulnérabilité intrinsèque des milieux et systèmes agro-pédo-climatiques et de son rôle dans les contaminations. En effet cette approche est basée sur la connaissance des milieux physiques, sur les aménagements hydrauliques, sur les zones tampons et éléments du paysage présents et sur l'expertise pluridisciplinaire existante concernant les processus des transferts hydriques et des contaminants associés. Des études sont en cours pour améliorer la détermination de la vulnérabilité spécifique en se basant sur quelques molécules d'intérêt fort. Allié à l'amélioration de la connaissance de la pression en pesticides cela permettra d'affiner les risques de contaminations et d'impacts sur les milieux aquatiques. Le risque de transfert de substances actives est déterminé en caractérisant la proximité au réseau hydrographique et les voies de circulation de l'eau dans les parcelles et le pédo-paysage. Au niveau national, la méthode ARPEGES semble se montrer parfois peu discriminante pour l'évaluation de la vulnérabilité intrinsèque. En effet cette échelle de travail oblige à faire des choix de classe qu'il conviendrait d'ajuster pour affiner les prévisions au niveau régional voire plus local. C'est par exemple le cas pour la région Bretagne, où, compte tenu des limites de classes retenues nationalement au regard de la pédologie des sols, les particularités locales sont assez peu mises en évidence. Lors des échanges, avec les Agences de l'Eau et les directions régionales de l'ONEMA, il était perceptible que cela crée des frustrations. D'autant que plus largement l'approche ARPEGES, fondée sur une prise en compte des processus physiques de vulnérabilité, a également parfois été perçue comme apportant peu de connaissances nouvelles aux personnes connaissant déjà bien leur territoire au terme de 20 ans de surveillance des masses d'eau. Toutefois il est possible et nécessaire de surmonter ces limites car: - Les démarches CORPEN locales n'ont pas abouti sur l'ensemble du territoire dans l'analyse des vulnérabilités locales. ARPEGES permet cette évaluation des contextes locaux là où ils n'existent pas, guidant l'identification des territoires d'action prioritaires. - La prise en compte à dire d'expert des processus donnent un bon niveau de compréhension des fonctionnements hydriques des territoires. - L'approche méthodologique nationale a l'avantage de passer au travers d'un même prisme l'ensemble des masses d'eau et sans doute des petites régions agricoles: cela donne donc une approche coordonnée entre bassins, agences de l'eau et permet une évaluation homogène des enjeux pour les pouvoirs publics.