Dans les milieux aquatiques, les communautés biologiques sont le plus souvent confrontées à des stress multiples, où les facteurs de stress naturels et anthropiques agissent conjointement. Il est donc important de mieux prendre en compte les interactions entre les contaminants et différents facteurs de stress dans les démarches d'évaluation des risques et effets écotoxicologiques sur ces communautés. Dans ce contexte, nous avons analysé les effets combinés de l'exposition au cuivre (Cu) et du réchauffement des eaux sur les diatomées, au cours d'une expérience de 6 semaines. A partir d'un biofilm naturel, collecté en hiver en amont d'un petit cours d'eau, les communautés de diatomées ont colonisé progressivement des substrats en verre dans des mésocosmes exposés ou non exposés à des concentrations en Cu réalistes (environ 15µg Cu/L), et à quatre températures différentes reproduisant la température initiale du milieu (8°C) et trois seuils de réchauffement (+5°C, +10°C et +15°C). Les impacts individuels et conjoints des deux facteurs de stress ont été déterminés par des paramètres structurels et fonctionnels qui ont permis de mettre en évidence une influence forte de la température et du cuivre sur les réponses biologiques. L'interaction entre ces deux facteurs, lorsqu'elle était significative, était toujours antagoniste, c'est-à-dire que les effets combinés des deux facteurs étaient inférieurs à la somme de leurs effets individuels. Ainsi, les communautés de diatomées ont graduellement changé avec la hausse des températures. Planothidium lanceolatum, qui dominait en conditions témoin, a été remplacé avec l'exposition au cuivre par Achnanthidium exiguum, qui représentait environ 70% de l'abondance relative dans les conditions les plus chaudes (18-23°C). La tolérance induite au cuivre (évaluée via l'activité photosynthétique) a diminué avec le réchauffement des eaux, et la durée d'expérimentation. La perte de biodiversité associée à une baisse de tolérance au Cu sous l'effet combiné du métal et de la hausse des températures témoigne de l'influence majeure des facteurs de stress cumulatifs sur la santé des communautés aquatiques. Ces résultats soulignent l'interaction cruciale entre les facteurs de stress environnementaux, qui devraient s'intensifier avec le changement climatique.