L'érosion de la biodiversité s'accélère en raison de l'augmentation continue des activités humaines et de l'imperméabilisation des sols liées aux projets de développement (zones urbaines, infrastructures de transport...). Les politiques environnementales de différents pays dans le monde ont mis en oeuvre la séquence Eviter-Réduire-Compenser (ERC) pour atteindre l'objectif de "non perte nette de biodiversité" et ont inscrit ce principe dans les méthodes d'évaluation des impacts environnementaux. Dans le même temps, des engagements nationaux, européens et internationaux ont été pris pour maintenir et restaurer la connectivité des habitats naturels pour faire face à la perte et la fragmentation de ces habitats. Cependant, la composante spatiale a été négligée voire ignorée dans la séquence ERC, alors que cette démarche pourrait tirer avantageusement parti du développement récent de la modélisation de la connectivité des habitats par les graphes paysagers. Notre objectif est ici de reconsidérer la séquence ERC en proposant un cadre méthodologique d'évaluation des impacts environnementaux à l'échelle du paysage. Nous préconisons l'utilisation la métrique de quantité d'habitat atteignable EC et expliquons comment elle permet d'aborder la composante paysage jusqu'ici négligée dans la séquence ERC. Nous affinons les trois principaux enjeux de la séquence ERC pour y inclure une dimension paysagère. Ce cadre méthodologique est ensuite appliqué à un réseau d'habitat virtuel pour illustration. Plusieurs scénarios théoriques d'évitement, de réduction et de compensation des impacts sont testés et comparés en utilisant les graphes paysagers et l'indice EC. Nous discutons des avantages de ce cadre méthodologique pour la séquence ERC et fournissons des recommandations pratiques pour sa mise en oeuvre. Cependant, étant donné que la surface de terres disponibles pour les activités humaines diminue, nous conseillons d'abandonner rapidement la vision "se développer d'abord, évaluer les dommages écologiques ensuite" et de mettre l'accent sur l'objectif d'Aichi n°11 pour arrêter la perte de biodiversité. Il s'agit d'identifier plus précisément et de protéger par un meilleur statut de protection les zones semi-naturelles qui font partie des principaux corridors écologiques pour construire un réseau fonctionnellement connecté d'aires protégées et de réservoirs de biodiversité.