Des diatomées sur un cheveu de Marie-Madeleine - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Communication Dans Un Congrès Année : 2019

Diatoms on the hair of Holy Mary-Magdalene

Des diatomées sur un cheveu de Marie-Madeleine

Résumé

Les observations que nous présentons ici ont été obtenues dans le cadre de l'inventaire et de l'étude systématique des reliques du diocèse de Fréjus-Toulon (Provence). Les reliques attribuées à Marie-Madeleine sont conservées dans la basilique Saint-Maximin, située au pied du massif de la Grande-Baume et sont étudiées avec les techniques de médecine légale (CHARLIER & AL. 2017, 2019). Ces reliques consistent en un crâne et des cheveux autrefois attachés à la calotte crânienne. Un unique cheveu (qui a dû être rendu intact) a été observé au microscope électronique à balayage et au microscope à ions d'hélium, microscope qui permet de faire des observations en balayage de matériel biologique non métallisé. Ces examens ont montré que des fragments de diatomées étaient collés à ce cheveu. Dans un premier temps, les auteurs d'un premier article ont pensé qu'il s'agissait de fragments de Cyclotella meneghiniana. Lorsque nous avons été contactés et que nous avons pu voir la série complète de prises de vue, nous avons constaté qu'il s'agissait bien de valves centriques (d'une seule espèce ?), mais que les ornementations des restes majoritaires (aréoles d'un seul type en vue externe) ne correspondaient pas à cette espèce. Sur l'une ou l'autre photo on peut deviner des faisceaux irréguliers d'aréoles sur l'aire centrale, des chambres en bordure et entre les deux une aire hyaline en anneau qui interrompt les ornementations. Cela est caractéristique du genre Tertiarius. En plus de l'absence de dorage, comme le cheveu n'a pas été nettoyé à l'acide chlorhydrique, bien des déchets ou des minéraux subsistent sur les fragments de diatomées. En outre, ces restes sont fortement érodés. Pour ces deux raisons, nous n'avons pas réussi à observer d'autres caractéristiques de ce genre en particulier la position du processus labié. Mais vu la taille des fragments et la répartition des aréoles, nous avons pour l'instant attribué ces restes à cf. Tertiarus transilvanicus var disseminatopuctatus (Pantocsek) Håkansson & Khursevich. Une première hypothèse sur la présence de ces diatomées supposait que la chevelure aurait pu être contaminée du vivant de Marie-Madeleine par des écoulements d'eau dans la grotte de la Sainte-Baume (selon la tradition la Sainte aurait vécu longtemps dans la cavité). L'examen de 10 échantillons de suintements rocheux et de sédiments pris dans les pièces d'eau du sanctuaire est négatif. Si effectivement ces fragments peuvent être attribués à cette espèce fossile du tertiaire, on peut imaginer qu'il proviennent d'une argile que Marie-Madeleine aurait utilisée pour soigner ses cheveux ou afin de lutter contre les parasites. En effet, il est connu que des argiles ou des diatomites, contenant des diatomées fragmentées, peuvent être utilisées comme insecticide (les fragments de même composition que le silex sont très coupants) ; ce genre de cosmétique est encore vendu actuellement pour le soin des cheveux.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02609721 , version 1 (16-05-2020)

Identifiants

Citer

F. Straub, Soizic Morin, R. Weil, P. Charlier. Des diatomées sur un cheveu de Marie-Madeleine. 38ème colloque de l'Association des Diatomistes de Langue Française (ADLaF), Sep 2019, Metz, France. pp.16. ⟨hal-02609721⟩

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