Les plantes dispersées par le cerf et le sanglier en endo- et en épizoochorie, sont-elles les mêmes ?
Résumé
Le cerf, le chevreuil et le sanglier sont des ongulés sauvages, communs dans les plaines d'Europe. Ils partagent les mêmes milieux, ouverts ou forestiers. Ces animaux ont un régime alimentaire composé essentiellement d'éléments végétaux, favorisant des interactions fréquentes avec les plantes. Ils peuvent ainsi consommer certaines diaspores, ou faciliter l'accrochage d'autres, et les redistribuer au sein de leurs domaines vitaux. Vecteurs généralistes de diaspores, ils permettent une dispersion efficace à longue distance par endozoochorie et épizoochorie, de près de la moitié des plantes accessibles. L'efficacité de la zoochorie dépend toutefois des interactions entre les caractéristiques des plantes et de leurs diaspores, et celles de leurs vecteurs. Nous avons cherché à identifier dans cette approche quelles étaient les plantes dispersées par endozoochorie et/ou par épizoochorie par le cerf ou le sanglier, deux ongulés aux traits différenciés. Pour chaque mode de dispersion, nous avons procédé de même pour identifier quelles plantes étaient dispersées par le cerf et/ou le sanglier, et quelles étaient les caractéristiques associées. Nous avons analysé des données acquises en région Centre, au sein du domaine de Chambord (projet Costaud) et du massif de Lorris (projet Diplo) ainsi que d'autres données publiées, principalement en Europe. Nous montrons tout d'abord que les cortèges de plantes dispersées par endozoochorie et épizoochorie diffèrent, mais qu'ils se chevauchent aussi, ce qui est aussi le cas quand on compare cerf et sanglier pour chaque mode dispersion. A partir d'échantillons prélevés sur les mêmes individus, nous avons également montré que les cortèges floristiques dispersés étaient complémentaires, c'est-à-dire que le nombre de plantes dispersées augmentait plus rapidement quand on regroupait endozoochorie et épizoochorie (charge totale en graines) que si chaque mode de dispersion était pris séparément. Dans une optique de réensauvagement (rewilding), consistant à restaurer les processus naturels, et notamment les interactions biotiques comme la zoochorie, par la réintroduction d'ongulés sauvages, nous devons garder à l'esprit que chaque vecteur disperse des cortèges spécifiques par endozoochorie et épizoochorie, composés de plantes locales et exotiques.