Le rôle du marché dans le contrôle des traitements phytosanitaires.L’exemple du secteur de la tomate
Résumé
Dans cet article, les auteurs souhaitent conduire une analyse du travail et des organisations des agriculteurs en l’inscrivant dans le cadre de l’évolution des relations entre agriculteurs, marché et consommateurs. L’objet de cet article est d’examiner le rôle des organisations de producteurs dans l’encadrement et le contrôle des pratiques agricoles en matière phytosanitaire. Ce faisant, il envisage non pas des individus qui s’approprient ou non des normes, mais les rationalités et les modalités concrètes par lesquelles des organisations les intègrent à leur fonctionnement. Il repose ainsi sur l’hypothèse que les organisations de producteurs sont des acteurs décisifs de l’encadrement des pratiques de traitement phytosanitaires, qui négocient avec leurs clients les exigences contractuelles en matière phytosanitaire, garantissent que leurs adhérents respecteront les clauses ainsi définies et construisent concrètement la corégulation, c’est-à-dire l’articulation entre normes publiques et normes privées. Le travail de terrain concerne la culture de la tomate, qui est considérée comme pionnière pour la production de masse (Harvey et al.., 2002) et constitue le premier légume-fruit vendu en France. Après avoir présenté rappelé les grandes lignes du cadre normatif public et privé qui s’impose aux producteurs, l’article expose les modalités d’organisation des OP pour répondre aux exigences de la clientèle en matière d’usage des produits phytosanitaire (partie 1). Enfin, en examinant les relations entre OP et distributeurs, il montre les ambiguïtés et les limites de la régulation de marché ainsi mise en œuvre (partie 2).