Jusqu’à présent, la majorité des études visant à expliquer les mortalités massives d’abeilles se sont focalisées sur un seul facteur de stress, sans qu’aucun ne puisse être clairement incriminé. Nous avons donc testé l’hypothèse d’un syndrome multifactoriel en analysant les effets interactifs entre un pathogène et un insecticide sur la santé des abeilles. Nous avons démontré pour la première fois que l’interaction entre ces deux agents affecte de manière significative la santé des abeilles. L’interaction entre Nosema et l’imidaclopride, à des concentrations rencontrées naturellement par les abeilles, induit un taux de mortalité et un stress énergétique significativement plus élevés que chaque agent seul. Par la suite, nous avons analysé les effets de ces agents sur l’immunité individuelle et sociale. Au niveau de l’immunité individuelle, ni le nombre d’hémocytes, ni l’activité de la phénoloxydase (enzyme du système immunitaire) n’ont été affectés par les différents stress seuls ou en combinaison. Le taux de production de la glucose oxydase, une enzyme qui permet de stériliser l'alimentation du couvain et le miel, a aussi été mesuré comme paramètre de l’immunité sociale. Alors que Nosema et l’imidaclopride seul n’ont eu aucun effet, leur combinaison a significativement diminué la production de glucose oxydase. Cette interaction pathogène/pesticide provoque donc des effets immédiats sur la mortalité des abeilles mais aussi, sur le long terme, une susceptibilité accrue de la ruche aux pathogènes.