Cette contribution revisite la question du « mille-feuille » français en se focalisant plus spécifiquement sur les pays, actuellement menacés par la réforme territoriale. Elle s’appuie sur l’expérience des auteurs dans le domaine de l’analyse et de l’évaluation des politiques territoriales et sur leur participation conjointe à une recherche évaluative récente sur les pôles d’excellence rurale. L’ambition est double : contribuer à recadrer un débat aujourd’hui organisé autour d’argumentaires qui apparaissent parfois simplistes et erronés et proposer une grille d’analyse plus pertinente à partir de l’interrogation suivante : est-ce que réduire un échelon territorial permet effectivement de répondre à une recherche d’efficacité ? La grille d’analyse s’articule ainsi autour de trois axes : la nécessité d’intégrer des aspects non budgétaires pour analyser la pertinence de l’échelon d’intervention ; l’intérêt de raisonner l’échelon d’intervention en fonction du problème posé ; la prise en compte des formes de coopération et de coordination entre échelons d’administration plutôt que la concurrence/compétition entre eux. Dans le prolongement de récentes analyses sur l’inter-territorialité (Vannier, 2009) qui invitent à dépasser l’idée d’une « politique des échelles » basée sur une répartition des champs sectoriels ou des domaines d’intervention pour aller vers des collaborations entre niveaux adaptées à chaque phase de l’action publique (conception, maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’oeuvre, gestion), les auteurs concluent que « les pays (…) représentent peut-être, de ce point de vue, des formes d’organisation à caractère précurseur dont la disparition dans le paysage français pourrait être synonyme de marche en arrière.