Les résultats du dernier recensement général de la population de 1999 montrent la poursuite et l'accentuation de contrastes démographiques déjà existant entre un monde rural "profond" qui ne cesse de se dépeupler, et des noyaux urbains et de leurs auréoles périurbaines en forte croissance. Mis en perspective sur plusieurs siècles, ce creusement des contrastes démographiques, et la fragmentation des territoires qui l'accompagne, traduit en réalité une mutation profonde, touchant l'ensemble du territoire national et dont l'ampleur est analogue à celle qui, toutes proportions gardées, a affecté le Haut Moyen-âge. Pour le monde du "rural profond", ou, "isolé", il s'agit d'une rupture fondamentale caractérisée en particulier, par une évolution des conditions de la production agricole et du contexte socio-démographique local. Un dépeuplement massif s'accompagnant du vieillissement de la population rurale "isolée" a pour effet de laisser, dans des villages qui se transforment peu à peu en hameaux, les agriculteurs peu nombreux et quasi-seuls avec, en plus de la production alimentaire, la charge de l'entretien matériel du milieu physique.