Les événements démographiques attachés aux établissements (création, disparition...) jouent un rôle important mais mal connu en matière d'emploi. L'article est consacré à un type particulier d'évènement, le transfert d'un établissement, depuis une zone urbaine vers une zone rurale ou périurbaine. Les auteurs proposent d'abord un cadre théorique issu des modèles de la nouvelle économie géographique. Puis ils dressent un bilan du phénomène dans le cas des industries agro-alimentaires. Ce bilan est d'abord quantitatif et s'appuie sur une exploitation spécifique du fichier SIRENE de l'INSEE entre 1993 et 1998. L'ampleur du phénomène apparaît non négligeable, même s'il ne s'agit pas d'une tendance massive. Bon nombre de transferts sont caractérisés par un déplacement géographique limité, tandis que la variabilité intersectorielle du phénomène est très forte. Les auteurs proposent également un bilan qualitatif basé sur des études de cas approfondies. A l'origine du transfert se trouve d'abord la volonté de renouveler les équipements productifs et d'étendre leur capacité dans le cadre d'une localisation géographique moins contraignante, périurbaine ou rurale. L'accessibilité constitue un critère déterminant du choix de la zone d'accueil, aux côtés des caractéristiques de la main-d'oeuvre. Des qualités, telles que la stabilité ou la capacité à fournir des efforts importants, associées au milieu rural, voire à l'origine agricole des salariés, jouent ainsi un rôle important au moment des choix d'implantation.