L'objet est de montrer que le concept de rente peut constituer un outil d'analyse pertinent dans une perspective de développement territorial. Depuis près d'un siècle, la théorie économique a soit oublié, soit banalisé ce concept en le généralisant à tous les facteurs de production dans une situation de rareté, de monopole ou de quasi-monopole. Or un recentrage de la rente sur ses origines (les "agents naturels" de la production, les ressources non reproductibles et non substituables), son extension à l'ensemble des aménités environnementales intrinsèques à un territoire donné, peuvent rendre ce concept à nouveau pertinent aujourd'hui. Il devient alors un outil d'analyse permettant de repérer des formes d'internalisation de ces externalités, dues ou non à l'environnement, par différents acteurs qui les inscrivent dans une stratégie de développement territorial soutenable. La "rente de qualité territoriale" sur laquelle cet article met l'accent, est obtenue par la valorisation combinée des caractéristiques intrinsèques d'un espace donné et de la qualité des produits et services qui y sont attachés. Elle peut constituer le fil directeur d'une nouvelle stratégie de développement territorial. La première partie clarifie tout d'abord les raisons d'un retour au concept de rente et justifie la pertinence de son application à la qualité et au territoire. La seconde partie propose une grille de relecture théorique qui met en cohérence les deux grandes filiations de la rente différentielle ricardienne et celle du surplus du consommateur marshallien et montre qu'elles sont complémentaires pour l'analyse des relations entre qualité et territoire. La troisième partie construit une typologie des types de rentes observées dans la réalité et analyse leurs distance et différence par rapport au modèle conceptuel développé. L'article souligne que les coordinations institutionnelles sont nécessaires pour développer et pérenniser la rente de qualité territoriale dans une perspective de développement.