Dans sa marche à bâtons rompus sur le chemin du développement, la Chine aurait-elle oublié ses campagnes ? Certains observateurs n'hésitent pas à les décrire comme laissées à la traîne, et l'on oppose souvent une Chine de l'intérieur, massivement paysanne et encore arriérée, à une Chine côtière en plein essor, moteur du décollage de l'ensemble de l'économie. Cette image n'est pas entièrement fausse, et il est vrai que le développement actuel s'est opéré au prix d'une aggravation des inégalités régionales, et s'est en outre traduit par l'élargissement du fossé qui sépare le niveau de vie des paysans de celui des citadins. L'afflux de cohortes de "paysans-ouvriers" apparemment misérables vers les grandes villes et les troubles paysans qui ont illustré l'actualité de ces dernières années ne doivent pas cependant occulter les succès de l'agriculture, ni faire se méprendre sur la signification des grands bouleversements qui agitent présentement les campagnes chinoises.