Food allocation of time and social rhythms : introduction
Le temps de manger et les rythmes sociaux : introduction
Résumé
Les pratiques alimentaires sont de celles qui contribuent le plus à structurer le temps social, et elles sont, en retour, fortement influencées par la place qui leur est faite dans l'emploi du temps et par le rôle qu'elles jouent dans son organisation. La table ronde pluridisciplinaire qui se tint à Paris, en octobre 1989, à la Maison des Sciences de l'Homme, avait d'abord pour but d'illustrer et, si possible, de perfectionner la notion de temps social. Elle aura démontré que cette notion élémentaire, loin d'être acquise, demande constamment à être réaffirmée face aux définitions d'essence du temps qui se dégagent aussi bien de la physique, et plus généralement des sciences expérimentales, que de la métaphysique. Les principales communications, présentées dans ce numéro spécial, tentent de mobiliser, cumuler et si possible combiner entre elles les capacités de relativisation. Historiens, sociologues et anthropologues ont en commun de rappeler que le temps n'est pas une entité abstraite, une simple trame, un cadre vide (ou, en termes de colloques, un fil conducteur) dans lequel "prendraient place" ou "auraient lieu" les différentes "occupations" humaines. L'alimentation joue là encore le rôle d'un révélateur, particulièrement efficace, de la conception qu'une société se fait du temps et des hiérarchies sociales qui opposent, sur le mode de la supériorité ou de l'infériorité, la norme majoritaire à l'exception du petit nombre.