Pour les auteurs, la sensibilité écologique ne doit pas se réduire à une sorte d'élan vital, plus ou moins archaïsant, vers une nature idéalisée. Au sein de la nébuleuse écologique, ils déterminent au moins trois courants : l'écologie scientiste et technocratique, qui véhicule une vision futuriste de la Nature, écosystémique, dont la maîtrise exigerait toujours plus de science et de technique ; deuxième courant, l'écologie réactive et symptomale, constitue un vivier pour l'extême droite, ou "écologiens", idéalisant le passé et recherchant une terre pour y trouver le fondement d'un nouvel enracinement ; enfin l'écologie démocratique, qui tente de concilier l'aspiration à la liberté avec la satisfaction d'un besoin d'appartenance, et qui pourrait constituer le vecteur d'une sensibilité et d'une conscience universalistes. Critiques du scientisme et du technicisme aussi bien que de l'antipaysannisme et de l'antiruralisme primaires, ces écologistes contribuent, selon les auteurs, à revigorer le débat politique et social. Cet article a été reproduit dans Problèmes Economiques no 2328 du 2 juin 1993.