L’article précédent montrait que l’apport d’azote après la coupe d’automne augmentait la précocité de croissance de la fétuque élevée (cv. Clarine) au printemps suivant à Lusignan (centre-ouest de la France). Ce présent article a pour objet d’étudier la dynamique des prélèvements d’azote par la prairie au cours de l’hiver. Le recouvrement apparent de l’azote apporté était de 58% en 1982-1983 pour un apport et une coupe précoce d’automne et il n’était que de 33% après un apport et une coupe tardive. Les différences entre les dates de coupes précoces et tardives ont été plus faibles lors de l’hiver 1984-1985. Nous avons pu montrer que l’essentiel de l’azote apporté est prélevé par la prairie dès la mi-décembre et que près de 40-50% de l’azote suplémentaire est utilisé dans les nouvelles talles qui se forment au cours de l’hiver. Ainsi, l’essentiel de l’azote qui sert à l’édification des nouvelles talles pendant l'hiver a déjà été prélevé par la prairie durant le mois de décembre et est réutilisé par la suite grâce au recyclage lors de la sénescence des vieilles feuilles. Les grandes feuilles formées à l’automne en conditions de température élevée sont progressivement remplacées par des feuilles plus petites formées à plus basses températures. Cette substitution laisse un solde positif d’azote qui peut être utilisé pour la croissance des jeunes talles à une période ou l’absorption d’azote du sol est limitée par les faibles températures. Ces résultats tendent à prouver que la nutrition azotée doit être suffisante avant l’hiver pour que le tallage puisse se réaliser pendant cette période.