L’UMR BIOEPAR, en collaboration avec d’autres équipes de recherche françaises et européennes mais également avec les acteurs socio-économiques de la filière, a conduit ces dernières années plusieurs projets de recherche sur la description de l’usage des antibiotiques en élevage porcin et l’identification de ses déterminants. Le projet européen MINAPIG (2012-2015) financé par le programme Emida Era-net visait à identifier et évaluer des stratégies pour améliorer la santé des animaux et ainsi réduire le recours aux antibiotiques en élevage porcin. Une étude terrain impliquant 227 élevages a été conduite avec un protocole commun en Allemagne, Belgique, France et Suède. Une réflexion sur les indicateurs décrivant l’utilisation des antibiotiques en médecine humaine et vétérinaire a été conduite. Elle fournit des connaissances pour raisonner le choix de ces indicateurs en fonction des objectifs de l’étude quantifiant l’utilisation des antibiotiques (description de l’évolution dans le temps, comparaison entre populations ou à différentes échelles par exemple). Pour contribuer à comprendre l’utilisation des antibiotiques, une méthode statistique innovante qui organise les différents déterminants (en lien avec la santé des animaux, les pratiques d’élevage, ainsi que les déterminants psychosociologiques) en catégories de variables explicatives a été appliquée. La catégorie décrivant la survenue de signes cliniques était celle contribuant le plus dans tous les pays. Un autre éclairage original consistant à identifier les « meilleurs éleveurs » de l’échantillon (faible utilisation d’antibiotiques et bonnes performances zootechniques) a également mis en évidence la nécessité de maîtriser la santé des animaux notamment par des approches vaccinales adaptées. Enfin, une étude d’intervention dans 70 élevages a démontré la possibilité de réduire nettement l’utilisation des antibiotiques sans impacter les performances techniques et économiques des élevages à condition (i) de définir, suite à un diagnostic de la situation sanitaire, un plan d’intervention pertinent et (ii) que l’observance des recommandations soit bonne. L’accompagnement de l’éleveur par ses conseillers et plus spécifiquement la relation de confiance éleveur-vétérinaire constituent des déterminants clés d’une bonne observance. Ces résultats rejoignent les conclusions du projet TRAJ (étude de trajectoires de réduction d’usage des antibiotiques) financé par le métaprogramme GISA qui avait mis en exergue l’importance des phénomènes d’apprentissage (cognitifs, techniques, organisationnels) pour le changement. L’exploration de cette question de recherche se poursuit dans le cadre de deux projets (Sant’Innov et ProP&Co), financés par le PSDR Grand Ouest et le plan EcoAntibio2 respectivement, via un dispositif de recherche participative impliquant éleveurs, vétérinaires et organisations de production.