Impact d’une supplémentation en vitamine D sur les fonctions immunitaires et la réponse vaccinale chez des sujets âgés carencés
Résumé
Introduction et but de l’étude : Il est bien établi que l’immunosénescence contribue à l’augmentation de l’incidence des maladies infectieuses et à la diminution de la réponse vaccinale. Le système immunitaire est une cible privilégiée de la vitamine D qui potentialise la réponse innée, et inversement, inhibe la réponse adaptative. Au cours du vieillissement, la déficience en vitamine D est fréquemment observée et contribue probablement au risque accru de dysimmunité. Dans ce contexte, l’objectif de notre étude est d’évaluer l’impact d’une supplémentation en vitamine D chez des sujets de plus de 65 ans carencés en vitamine D sur la capacité des cellules immunocompétentes et la réponse vaccinale. Matériel et méthodes : Après randomisation (V1), les volontaires carencés en vitamine D (25(OH)D<30ng/mL) ont reçu durant 3 mois soit une supplémentation en 25-hydroxyvitamine D (groupe D, n=20 ; 100 000 UI / 15j) soit un placebo (groupe P, n=20). A l’issue de cette période, une vaccination antigrippale (Vaxigrip®, Sanofi-Aventis) a été réalisée chez tous les sujets (V2) puis la réponse vaccinale été évaluée 28 jours plus tard (V3). A ces 3 temps ont été explorés : les taux plasmatiques de 25(OH)D et de cathélicidine (peptide antimicrobien et antiviral), la réponse vaccinale (taux de séroprotection et de séroconversion), le phénotypage lymphocytaire et les taux plasmatiques de cytokines pro et antiinflammatoires. Une analyse de variance à 2 voies a été réalisée suivie d’un test post-hoc de Newman-Keuls. Résultats et Analyse statistique : Pour le groupe D, le taux plasmatique de 25(OH)D augmente significativement (V1 20,7 ± 5,7 vs V2 44,3 ± 8,6 ng/mL) puis diminue significativement à 36,5 ng/mL à V3. Le taux de cathélicidine reste inchangé quel que soit le groupe et le temps considérés (V2 : D- 67,5 ± 7,3 vs P- 56,6 ± 4,4 ; V3 : D- 69,4 ± 6,0 vs P- 64,5 ± 4,7 ng/mL, ns). Les taux de séroprotection (H3N2 : D- 79,0 vs P- 84,2%, ns) et de séroconversion ne varient pas à V3 (H1N1 : D- 21,1 vs P- 26,3% ; H3N2 : D- 36,8 vs P- 42,1%, ns). Le phénotypage lymphocytaire indique dans le groupe D à V2 une baisse des Th1 (D- 5,1 ± 0,8 vs P- 7,1 ± 1,1%, ns) et une augmentation des Th2 (D- 42,0 ± 2,7 vs P- 39,4 ± 5,0%, ns) avec une diminution significative du rapport Th1/Th2 (D- 0,12 vs P- 0,18). L’exploration cytokinique montre pour le groupe D une diminution significative du taux d’IFNγ à V2 (D- 7,3 ± 1,3 vs P- 15,8 ± 7,5 pg/mL, p<0,05) et à V3 (D- 16,3 ± 3,8 vs P- 42,1 ± 20,7 pg/mL, p<0,05) et une augmentation du taux de TGFβ à V3 (D- 20,8 ± 2,4 vs P- 11,5 ± 2,6 pg/mL, p<0,05). Conclusion : Dans nos conditions, la supplémentation en vitamine D du sujet âgé carencé permet de normaliser le taux de 25(OH)D, de modifier le rapport Th1/Th2 en faveur d’un profil tolérogène, de favoriser la production de cytokines antiinflammatoires et de limiter celle de cytokines pro-inflammatoires. Ces effets pourraient contribuer à limiter l’inflammation à bas bruit et l’immunosénescence
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