L’objectif de cette étude est d’évaluer l’influence de stimulations microbiennes de poules sur le système de défense innée du blanc d’oeuf en utilisant deux modèles expérimentaux. Le premier est basé sur la comparaison de l’activité antibactérienne des blancs d’oeufs de poules axéniques élevées en conditions stériles (Ax), de poules exemptes d’organismes pathogènes spécifiques (EOPS) et de poules conventionnelles (C). Le second modèle compare des oeufs de poules contrôles ou immunostimulées par injection de lipopolysaccharide bactérien (LPS). Les résultats ont montré que les blancs d’oeufs des groupes C et EOPS ont une activité inhibitrice renforcée vis-à-vis de Staphylococcus aureus comparée à ceux du groupe Ax. De même, une meilleure activité antimicrobienne contre ce pathogène est observée pour les blancs d’oeufs du groupe LPS par rapport à ceux du groupe contrôle. En revanche, l’activité anti-Escherichia coli n’est pas modifiée ni par le degré de contamination du milieu des poules (Ax vs EOPS vs C) ni par l’injection de lipopolysaccharide (LPS vs contrôle). L’analyse de l’expression de gènes codants pour des protéines/peptides antimicrobiens de l’oeuf et les mesures des activités du lysozyme et d’antiprotéases dans le blanc n’ont pas permis d’expliquer les stimulations de l’activité antimicrobienne du blanc d’oeuf. Ces résultats suggèrent que les poules peuvent renforcer modérément l’activité antimicrobienne du blanc d’oeuf en réponse à des stimuli microbiens de leur milieu et anticiper les besoins de l’embryon en termes de protection. Les mécanismes moléculaires à l’origine de cette modulation demeurent néanmoins inconnus à ce jour.