Un cadre théorique pour étudier les interactions plantes - champignons pathogènes foliaires
Résumé
Les organismes vivant tirent leurs ressources de l’environnement et les allouent aux différentes fonctions biologiques assurant leur développement (croissance, survie, reproduction…). Or les ressources disponibles dans un environnement donné sont finies et même la plupart du temps limitantes. L’individu doit donc faire des compromis dans l’allocation des ressources à ses différentes fonctions biologiques. Ces compromis vont se retrouver au niveau des traits d’histoire de vie (âge et taille à maturité, nombre de descendants…), conditionnant ainsi les capacités d’adaptation des individus à leur environnement. Chez les champignons phytopathogènes, on peut distinguer deux modes d’exploitation des ressources contrastés : la nécrotrophie, où le pathogène exploite des tissus végétaux préalablement nécrosés, et la biotrophie, où le pathogène détourne des nutriments de la plante sans dégrader ses tissus. Le mode d’exploitation conditionne l’accessibilité aux ressources, qui conditionne à son tour la stratégie d’allocation des ressources et les compromis entre traits d’histoire de vie. Etudier les stratégies d’allocation des ressources et leurs déterminants permet ainsi de mieux comprendre les interactions entre plantes et champignons pathogènes foliaires. Nous nous sommes intéressés à cette problématique par une approche de modélisation. Nous avons déterminé la stratégie optimale d’allocation des ressources entre croissance mycélienne et sporulation, pour des champignons nécrotrophes et biotrophes. Les stratégies optimales varient en fonction du mode d’exploitation des ressources du champignon. Nous avons ensuite étudié les conséquences de ces différentes stratégies d’allocation sur les traits d’histoire de vie des pathogènes, dont certains sont associés à l’agressivité. Enfin nous avons testé certaines de nos prédictions théoriques sur les champignons nécrotrophes par des expériences sur le principal pathogène du riz, Magnaporthe oryzae. En perspective, nous discuterons des implications potentielles de ces résultats au niveau de l’agressivité des champignons pathogènes foliaires.
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