Au cours du 20ème siècle, l'évolution des systèmes d'élevage bovin dans les Pyrénées a été marquée par des changements permanents d'orientations productives. La capacité d'adaptation des races mixtes à produire en milieu difficile a été un pivot de ces changements. La race Brune, utilisée en Espagne depuis le début du siècle pour absorber les populations locales exploitées dans les zones de montagne, est devenue la race prédominante à partir des années 1950-1960 sur le versant sud des Pyrénées. Elle y a été au départ exploitée dans ses aptitudes mixtes, pour le lait comme pour la viande. Par la suite elle s'est trouvée au cours du processus d'intensification de la production laitière. Depuis la disparition de la traite consécutive à l'entrée de l'Espagne dans l'Union européenne, elle est utilisée principalement comme race allaitante. Dans les troupeaux de la région, elle rivalise à son large avantage, du moins en termes d'effectifs exploités, avec d'autres races mieux prédisposées à la production de veaux. Sur le versant Nord des Pyrénées, l'évolution des systèmes d'élevage bovin a été dans ses grandes lignes très semblable à celle du versant sud jusqu'aux années 1950-1960. La race Brune y a été introduite à la même époque qu'en Espagne dans l'objectif de développer une industrie laitière locale (beurre, fromage). A partir des années 1960- 1970, la production laitière s'est cantonnée à de petits bassins de production dispersés dans la montagne et dans le piedmont. Suite à un déclin accéléré par l'instauration des quotas laitiers en 1984, la race Brune ne s'est maintenue que dans les rares élevages laitiers des vallées hautes, où son utilisation est associée à la fabrication locale de fromages fermiers ou artisanaux, et dans quelques fermes laitières de piedmont, région où elle a été remplacée massivement par la race spécialisée Holstein. Les raisons de ces évolutions contrastées sont évoquées.