Un acide aminé dans le helper du CAMV contrôle la spécifité de transmission par insecte vecteur
Abstract
L’immense majorité des virus de plantes utilisent un vecteur pour assurer leur transmission d’un hôte à un autre. Le mode de transmission le plus fréquemment adopté est nommé mode «non-circulant ». Dans ce cas, le virus n’effectue pas de cycle dans le milieu intérieur du vecteur et l’association entre les deux est externe et localisée au niveau des pièces buccales de l’insecte, le plus souvent des « stylets ». Un motif protéique viral est supposé reconnaître un récepteur ou site d’attachement au niveau de la cuticule tapissant le canal alimentaire et/ou salivaire dans ces stylets. Ce récepteur hypothétique est totalement inconnu et l’interaction avec les protéines virales est en général considérée comme relativement peu spécifique. Pour de nombreux genres de virus, et en particulier le genre Caulimovirus, c’est une protéine non structurale (facteur assistant de la transmission) qui assurerait la reconnaissance et l’attachement à ce récepteur, formant un pont moléculaire entre particules virales et vecteur. Bien que le facteur assistant de la transmission (P2) du Cauliflower mosaic virus (CaMV) soit très bien caractérisé sur un plan biochimique, le domaine reconnaissant le vecteur restait la principale inconnue pour cette molécule. Une série d’observations indépendantes et concordantes nous a permis d’identifier une position d’acide aminé de P2 qui est directement impliquée dans la reconnaissance du vecteur. Neuf substitutions de cet acide aminé entraînent des variations différentielles dans l’efficacité d’une gamme de cinq espèces vectrices pouvant aller de réductions légères ou sévères à une abolition totale. Nos résultats représentent la première identification du domaine d’un facteur assistant de la transmission directement impliqué dans la reconnaissance du vecteur, ils démontrent une grande spécificité pour cette interaction. Enfin, un mutant spontané obtenu par transmissions successives par une seule espèce de pucerons, confirme que l’adaptation du CaMV à un vecteur particulier ne requiert qu’une mutation ponctuelle et indique que cette adaptation peut-être très rapide.