Capital environnemental et inégalités socio-spatiales. Vers une justice de l’eau - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2015

Capital environnemental et inégalités socio-spatiales. Vers une justice de l’eau

Résumé

Cette communication relie la notion de capital environnemental à celle de justice environnementale à partir d’un cas d’étude fondé sur la gestion de l’eau. Parmi les éléments constituant un capital naturel, l’eau est un bien précieux pour tous. Pour faire face à la dégradation de sa qualité, différentes politiques ont été mises en place : directive cadre sur l’eau, classement en bassins d’alimentation de captage prioritaires, directive Nitrates. Or ces mesures visent souvent les agriculteurs et leurs pratiques. Dans le cas d’une zone herbagère, en Saône-et-Loire, où l’élevage allaitant domine, des agriculteurs sont interpelés depuis les années 1990 pour changer leurs pratiques afin de limiter les apports de phosphore à un lac qui sert à alimenter en eau potable la population de la communauté urbaine du Creusot-Montceau les Mines. Suite au classement du lac en captage Grenelle en 2009, les agriculteurs ont contesté « l’effort environnemental » (Deldrève, Candau, 2014) qu’il leur était demandé. Dans leurs propos, transparaît une demande de réciprocité vis-à-vis de ces acteurs non-agricoles c'est-à-dire que la responsabilité de chacun dans la dégradation de la qualité des eaux soit reconnue à sa juste valeur et que les bénéfices ou les inconvénients des mesures à venir soient proportionnés à la responsabilité de chacun. Cette position peut être interprétée comme défensive et propice à une forme de lobbying dont on affuble classiquement le monde agricole. J'ai cherché à dépasser ce premier registre d’interprétation en mobilisant le concept de justice environnementale pour aller vers une compréhension située des phénomènes. La justice environnementale intègre les inégalités liées à la situation géographique que les personnes occupent ; dans le cas présent, être ou non riverain du lac ou être situé dans le périmètre hydrologique de son bassin versant, ce qui crée plus ou moins de contraintes ou d’opportunités pour les agriculteurs. La justice environnementale prend aussi une dimension temporelle, car les acteurs du territoire héritent des conditions de création de ce lac dans les années 1970, un argument souvent mobilisé dans les débats. La justice environnementale, beaucoup plus utilisée dans les recherches aux Etats-Unis faisant presque d’elle un « concept américain », s’applique souvent pour des populations fragilisées économiquement, des minorités sociales qui peinent à faire valoir leurs droits face à des intérêts industriels à la source des pollutions et des populations autochtones dont les droits d’usage des terres ont été bafoués. Dans un contexte beaucoup moins extrême, le concept semble approprié pour appréhender ensemble trois dimensions : la variabilité spatiale des conditions physiques et écologiques ; les rapports sociétés-environnement sur le temps long et les relations sociales entre les agriculteurs et les autres acteurs, et entre les agriculteurs eux-mêmes. Trois dimensions qui viennent éclairer les inégalités socio-spatiales et les mécanismes de domination entre acteurs autour du « capital eau ».
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02798461 , version 1 (05-06-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02798461 , version 1
  • PRODINRA : 366331

Citer

Sandrine Petit. Capital environnemental et inégalités socio-spatiales. Vers une justice de l’eau. Capital environnemental : représentations, pratiques, dominations, appropriations spatiales, Géographie Physique et Environnementale (GEOLAB). Limoges., Nov 2015, Limoges, France. ⟨hal-02798461⟩
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