Ni l’expansion des classes moyennes, ni la consommation de masse, ni la tertiarisation de l’économie, ni le prolongement des scolarités n’ont mis fin à l’existence de vastes ensembles de populations conjuguant petitesse du statut professionnel et social, étroitesse des ressources économiques, éloignement par rapport au capital culturel. Alors que la question des « classes populaires » connaît un regain d’intérêt tant médiatique que scientifique, et que les travaux et débats des sciences sociales la concernant ont été nombreux depuis plusieurs décennies, que sait-on concrètement de ceux qui occupent une position sociale subalterne dans la société française contemporaine ? Présentant un ouvrage à paraître qui est le fruit d’un long travail collectif de synthèse des données statistiques disponibles et de comptes-rendus d’enquêtes empiriques, cette conférence se penchera plus particulièrement sur les processus de socialisation à l’œuvre aujourd’hui dans les familles d’ouvriers et d’employés. La sociologie ouvrière a montré l’importance conjointe des relations familiales, des rapports de genre, de l’entre-soi à l’échelle locale et de la distance à l’école dans le maintien de modes de vie spécifiques : qu’en est-il désormais ?