Friche, désordre social et "nature projet "
Résumé
Associées à l’abandon du territoire, les friches appellent systématiquement des opérations de reconquête, à tout le moins de gestion, et on souligne avec satisfaction que leur surface nationale est chaque année en net recul. De fait, les friches préoccupent : elles rassemblent ou divisent mais ne laissent jamais indifférent. Les friches renvoient à des dynamiques, des lieux et des objets de nature qui ont en commun d’être concernés par la problématique de l’abandon. A partir d’une analyse de ce phénomène dans une vallée vosgienne, je montre comment voix des élus et des habitants de cette vallée et celles des naturalistes et des écologues de la région - c'est-à-dire principalement du PNR - se rejoignent pour dénoncer le « mitage » du paysage occasionné par les résidences secondaires mais divergent parfois quant au traitement à réserver aux friches. Au nom du maintien de la qualité du cadre de vie et de l’aménagement du territoire, résidents et villageois s’emportent contre ce qui fait la naturalité de cette nature qui a repris ses droits. Ce sont bien les excès de la nature qui agressent et inquiètent les villageois. Mais la friche témoigne aussi d’un désordre social qui pose la question du rapport à la nature aujourd'hui et de son devenir.