La mobilisation de la société civile pour le développement d’une agriculture plus durable : moteur et instrument d’un processus d’écologisation? - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2011

La mobilisation de la société civile pour le développement d’une agriculture plus durable : moteur et instrument d’un processus d’écologisation?

Claire Lamine

Résumé

Durant ces dernières décennies, le secteur agricole a subi d’importantes transformations. Dans une perspective socio-historique, plusieurs auteurs se sont attachés à caractériser cette recomposition des campagnes et du secteur agricole en distinguant des phases successives. Ces analyses mentionnent une première modernisation agricole à partir des années 60, débouchant sur un « tournant de l’intensification » de l’agriculture autour de 1980, comme cela a pu être montré dans le cas de la culture du blé. Cependant, depuis la fin des années 80 et le début des années 90, la perception de ce que doit être l’agriculture a fortement évolué : l’espace rural est vu comme un espace à habiter et un environnement à vivre, et on assiste au renforcement des critiques contre l’agriculture intensive, désignée comme responsable de bon nombre de problèmes sanitaires (vache folle…) et environnementaux (pollutions, OGM…). Pour faire face aux problèmes environnementaux et aux critiques engendrés par ce modèle agricole, l’action publique a progressivement intégré des exigences environnementales. Dans ce travail, nous nous intéresserons au pouvoir transformateur de la critique émanant de la société civile : en quoi cette critique peut contribuer au développement d’actions et soutiens publics en faveur d’une agriculture plus durable, économe en intrants ou biologique ? En effet, si dans les années 90 on observait avant tout un rejet du modèle de l’agriculture intensive (boycott de certains produits alimentaires par les consommateurs, exigence de traçabilité des produits…), on observe désormais, dans une perspective plus constructive, l’émergence de mobilisations issues de la société civile constituées d’acteurs non agricoles (consommateurs, riverains, agences de l’eau, associations environnementales, élus locaux, collectivités territoriales…) ayant pour objectif de promouvoir une agriculture plus écologique. A travers l’étude de trois mobilisations franciliennes à l’initiative d’acteurs non agricoles issus de la société civile et de l’analyse des arguments des acteurs et des actions menées, nous montrerons par quel biais ces mobilisations transforment les catégories d’action et les représentations, et permettent l’intégration progressive de considérations environnementales par les acteurs publics. Ensuite, nous verrons en quoi ces mobilisations en interaction fréquente avec les pouvoirs publics peuvent constituer, en elles-mêmes, une forme d’action publique en faveur d’une agriculture plus écologique. En effet, ces mobilisations et les actions qu’elles développent dans leurs territoires pourraient s’apparenter à l’instrument « projet » fréquemment utilisé notamment dans les politiques urbaines – si ce n’est que dans les cas étudiés ici, les projets procèdent d’une initiative d’acteurs locaux plus que des pouvoirs publics. Enfin, dans une perspective de discussion plus générale, nous interrogerons ces cas d’études sous l’angle de la modernisation écologique, selon laquelle l’intégration progressive de considérations environnementales par divers secteurs passe par de nouveaux agencements entre acteurs. On peut se demander dans quelle mesure ce processus d’écologisation global est, de fait, entretenu par des agencements particuliers entre acteurs, favorisés par le développement de logiques de concertation et de la participation de la société civile aux modes de gouvernement. Ainsi, nous tenterons de montrer en quoi ces mobilisations d’acteurs non agricoles, encore marginales – de niche, prônant une agriculture plus écologique, peuvent participer d’une écologisation plus large du régime et du paysage socio-technique global. En cela, cette réflexion pourra contribuer aux discussions autour de l’analyse des transitions.

Domaines

Sociologie
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02802702 , version 1 (05-06-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02802702 , version 1
  • PRODINRA : 226440

Citer

Aurélie Cardona, Claire Lamine. La mobilisation de la société civile pour le développement d’une agriculture plus durable : moteur et instrument d’un processus d’écologisation?. Colloque Ecologisation des politiques publiques et des pratiques agricoles, Mar 2011, Avignon, France. ⟨hal-02802702⟩
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