Mise en place d'un modèle in vivo de colonisation digestive stable à C. Abicans chez la souris immunocompétente
Résumé
Les levures du genre Candida sont des agents pathogènes opportunistes responsables de candidoses invasives chez les sujets immunodéprimés, et sont associées à un taux de mortalité élevé. Elles représentent 8 à 15% des infections nosocomiales hématogènes et Candida albicans est l’espèce la plus fréquemment isolée en pathologie humaine. Initialement C. albicans appartient à la flore commensale intestinale, buccale et vaginale de l’homme. Ce commensalisme résulte d’un équilibre entre les propriétés biologiques de la levure et les systèmes de défense de l’hôte. La rupture de cet équilibre chez un patient fragilisé aura pour conséquence une colonisation intense des muqueuses favorisant un envahissement des cellules épithéliales, la translocation à travers la barrière épithéliale digestive et la possibilité de dissémination hématogène. La problématique de l’équipe porte sur une meilleure connaissance des interactions entre C. albicans et les cellules digestives et les objectifs sont de : - développer différents modèles in vitro et in vivo afin de préciser les bases moléculaires et cellulaires de l’interaction de C. albicans avec la muqueuse digestive ; - utiliser ces différents modèles pour identifier et caractériser les gènes et les molécules de l’hôte et de C. albicans jouant un rôle dans la colonisation et l’invasion de la muqueuse digestive. Afin de caractériser la virulence de C. albicans, nous avons développé un modèle in vivo de colonisation digestive stable chez la souris adulte immunodéprimée. La stratégie expérimentale du modèle consiste tout d’abord en une période d’alimentation en nourriture infectée par C. albicans suivi d’une période d’alimentation en nourriture stérile (sans levures). Des coprocultures et des sacrifices sont effectués afin de déterminer la charge fongique dans les organes et le tube digestif. Nos premiers résultats ont montré la présence de levures dans les organes comme le foie et les reins chez la souris immunocompétente. Il y a donc eu une dissémination digestive due à un inoculum trop élevé ; Nos prochaines études porteront sur l’utilisation d’un inoculum plus faible à 105 levures par gramme de nourriture, ainsi que sur la rupture de l’équilibre hôte / agent pathogène par immunosuppression afin de d’observer une translocation des levures colonisantes à partir du tube digestif ; Ce modèle sera par la suite utilisé afin de réaliser une étude sur la virulence de différentes souches cliniques (souches septicémiques, souches colonisantes et souches commensales) et sur différents mutants de C. albicans (banque de 600 mutants Knock-out et de surexpression de gènes impliqués dans la filamentation, l’adhérence, l’invasion de la levure).