Ce projet avait pour objectif d’évaluer la biodisponibilité des PCB du sol et de leur transfert vers les produits animaux. Dans son rôle de « géo-sorbant » le sol joue en effet un rôle « clé » comme réservoir « naturel » de PCB et comme vecteur de contaminants pour la chaîne trophique terrestre. Des exemples récents de contamination de l’environnement en PCB (St Cyprien, Grès en Bouère) plaident pour la nécessité d’une recherche finalisée permettant d’identifier les pratiques à risque. Il est en effet établi que les ruminants en pâture ou les volailles élevées en plein air peuvent ingérer jusque 10 % de sol dans leur ration quotidienne. La question scientifique posée est donc celle de la biodisponibilité des contaminants du sol pour les espèces cibles. Le niveau de contamination dépend certes de la concentration de POP dans le sol et de la quantité de sol ingéré, mais également de la biodisponibilité des composés ingérés c’est à dire de la capacité du sol à retenir les POP qu’il contient dans le tube digestif des animaux. Ces valeurs sont obtenues par des études de biodisponibilité relative (BR) durant lesquelles la réponse des animaux à l’ingestion de doses croissantes de polluant est comparée à celle obtenue en ingérant la même quantité du polluant contenu dans un substrat de référence (souvent de l’huile). L’objectif de ce travail a été de déterminer quelle était la BR des PolyChloroBiphényls Indicateurs (PCB I) contenus dans un sol pollué (700 μg/kg de sol) issu de terres agricoles contaminées de la région de St Cyprien (http://www.loire.pref.gouv.fr /sections/infos_diverses/pcb /point_sur_la_polluti/view) chez des poules pondeuses et des chèvres laitières. 28 poules pondeuses de 24 semaines placées en cage individuelles ont reçu durant 14 jours des aliments contaminés soit avec 3, 6 ou 9 % de ce sol soit avec de l’huile contaminée de façon à obtenir les mêmes niveaux de contamination qu’avec l’ajout de sol. De la même façon, 8 chèvres laitières Alpines ont été nourries durant 96 jours, sur 3 périodes de 32 jours avec des aliments contaminés soit par des doses croissantes de sol contaminé (1,3%, 2,7 % et 4%) soit avec de l’huile contaminée de façon à obtenir les mêmes niveaux de contamination qu’avec l’ajout de sol. Les teneurs en PCB I de l’oeuf et du lait ont été mesurées. Chez la poule pondeuse, la teneur en PCB I des oeufs a augmenté linéairement avec la quantité de PCB I ingérée, et n’a pas différé selon la nature du substrat (sol ou huile) avec une BR estimée à 0,95. Chez la chèvre au contraire, les PCB I apportés par le sol ont conduit à une concentration de PCBI dans le lait près de deux fois inférieure à celle obtenue avec le même apport incorporé dans l’huile, avec une BR estimée à 0,5. Ainsi, le sol utilisé dans cette étude ne limite pas la biodisponibilité des PCB I chez la poule pondeuse, alors qu’il la divise par deux chez la chèvre laitière. Cette grande capacité de la poule à extraire ces composés du sol peut être mise en relation avec le faible indice de conversion énergétique des oiseaux. Chez les deux espèces cependant, l’ingestion de sol contribue de façon significative au risque de contamination des produits animaux par les PCB I.