Cet article aborde l’impact des changements légaux qui, au début des années 1990, ont réformé les modes locaux de gestion et de transferts des droits fonciers dans le secteur ejidal, constitué à l’occasion de la réforme agraire mexicaine.Les tensions entre les dispositions légales visant à libéraliser les mécanismes de transferts des droits fonciers tout en affirmant leur indivisibilité se sont traduites dans les contextes locaux par le développement des pratiques de contournement, notamment dans le cadre de ventes de détresse ou des processus d’héritage. Ces pratiques sont à leur tour la source de controverses et de nombreux litiges, dont la régulation met aux prises les administrations officielles, les institutions locales et différents acteurs privés sur le mode du pluralisme légal. L'article montre comment, dans un contexte socio-historique caractérisé par la récurrence des revendications d’autonomie politique, le marché foncier demeure enchâssé dans les dispositifs de régulation socio-politique qui concernent en particulier les statuts de « citoyenneté locale ». Il décrit les mécanismes par lesquels le nouveau cadre légal a alimenté le pluralisme institutionnel et contribue à maintenir les dispositifs locaux et les régulations informelles aux cœur des mécanismes de régulation foncière et politique.