Le lait de jument est doté de vertus nutritionnelles et diététiques intéressantes par rapport au lait de vache. Il est plus riche en vitamine C et en lactose, en substances antimicrobiennes (lactoferrine, lysozyme) et plus pauvre en matière grasse qui sont riches en acides gras essentiels. C’est également depuis toujours un aliment de remplacement idéal pour les enfants souffrant d’allergie au lait de vache. Il est aussi utilisé en cosmétique (savons, crèmes) et pour d’autres applications plus anecdotiques (bain, spa). Il peut donc constituer un débouché complémentaire intéressant pour la filière agricole de Franche-Comté qui dispose d’environ 3000 juments de race Comtoise utilisées pour le moment pour le loisir et la production de viande, la plupart du temps dans des élevages mixtes. La traite est toutefois contraignante (2 à 5 fois par jour en présence du poulain) et la mise en oeuvre du lait difficile (peu d’extrait sec, caséine peu coagulable en particulier). Sous l’impulsion de l’ANCTC (Association Nationale du Cheval de Trait Comtois) et de la Chambre Régionale d’Agriculture de Franche-Comté (CRAFC), un projet court depuis 2007, qui mobilise les moyens de recherche et d’expérimentation de l’UMT de Poligny . Deux pistes technologiques sont explorées à ce jour : (1) Coagulation enzymatique, fabrication de fromages à base de lait de jument et filtration membranaire (INRA-URTAL et ENIL-39), (2) Lait de consommation, fermentation et coagulation acide (ENIL-25). ACTILAIT assure une grande partie de la caractérisation chimique, biochimique et microbiologique du lait en collaboration avec l’INRA-URTAL. Le lait est produit dans 3 exploitations pilotes du Doubs et du Jura. Le projet est coordonné dans son ensemble par Patrice Dieudonné responsable Recherche et Développement à l’ENIL-25, par Sylvie Pochet (INRA-URTAL) en ce qui concerne les travaux effectués sur le site de Poligny et par Eric Notz pour ACTILAIT. Ces travaux bénéficient entre autres de fonds Eperon (provenant des recettes du PMU) et OSEO. Dans le cadre du pôle de compétitivité VITAGORA, des contacts ont été établis récemment avec la région Bourgogne qui dispose d’un potentiel de 250 juments de race Auxoise (dont 25 au Centre d’Elevage de Bierre-lès-Semur) pour tenter de développer des actions communes sur le thème nutrition–santé du lait de jument.