Les AMAP (Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) sont des systèmes de production et de distribution qui mettent en lien direct des agriculteurs et des consommateurs sur la base d’un contrat d’engagement durable. Elles peuvent être lues comme des initiatives où s’expérimentent des formes concrètes de démocratie alimentaire : se libérant des intermédiaires classiques des systèmes agro-alimentaires, producteurs et consommateurs décideraient ensemble de leur nourriture voire de leur commun sort. Mais l’engagement des parties prenantes est souvent très relatif et les Amaps peuvent aussi apparaître comme de nouvelles formes de normalisation imposées aux producteurs, qui se substitueraient aux formes plus classiques imposées par le système agro-alimentaire « dominant » et ses règles de traçabilité, d’homogénéité et de « circulabilité ». C’est que plus local et plus direct ne signifie pas intrinsèquement plus équitable. Certains de ces collectifs participent pourtant à l’émergence de nouvelles solidarités alimentaires à l’échelle de territoires, par exemple en envisageant d’approvisionner la restauration collective ou en installant de jeunes agriculteurs sur des terrains communaux, en lien avec les quartiers environnants. La mise en perspective de telles initiatives dans leur diversité et dans le contexte international de débat, tant au niveau académique qu’à celui de la société civile, sur la démocratie alimentaire, permettra de rendre compte de ces tensions.