Le choix des principes, critères et indicateurs de développement durable de l’aquaculture : étapes et conditions de l’appropriation du développement durable
Résumé
In spite of the abundance of initiatives aiming at constructing sustainable development indicators, we observe today that a few attempts have been made regarding sustainable development appropriation. This brings up the question of conditions and procedures of its implementation. Firstly, the authors illustrate the abundance of referentials and initiatives enabling to implement sustainable development in aquaculture. They develop a chart to assess such initiatives with regards to the main features of sustainable development. Secondly, this paper outlines the co-construction approach of principles, criteria and indicators, selected in reference to the assumption that implementing sustainable development requires a stakeholder commitment and a collective learning process. The construction of indicators is based on criteria which refer to principles accounting for local issues and stakeholder representations of sustainable development. The Principles-Criteria-Indicators approach is then compared to other experiences supporting the co-construction of territorial sustainable development indicators. Finally, the third part of the paper provides a reflexive analysis of the protocol which is proposed so as to develop a more general inventory of conditions and procedures for the appropriation of sustainable development. Focusing on these conditions and procedures outlines the need for collective learning regarding the appropriation of a new value system. They also emphasize on the organizational and institutional conditions of this learning process ; this implies defining a co-construction system and taking into account intermediate elements. Consequently, the proposed approach underlines the multiplicity of indicator functions, in particular their normative construction function, which goes well beyond providing measuring means and information. As a result, criteria and indicators are “facilitating” and “mediating” tools for stakeholders, employed in the deconstruction/construction process for implementing sustainable development. Thus the authors agree with the recent observations stemming from the evaluation of sustainable development indicators’ construction approaches. These approaches demonstrate the significance of their supporting role in the consultation process as well as in the expression and convergence of representations. In the range of tools used for supporting learning processes and developing collective approaches, compared with traditional systems for supporting the consultation process, the collective construction of sustainable development indicators provides a “double dividend” insofar as the assessment of sustainable development public policies is also reinforced. Finally, the proposed co-construction process is able to provide collective construction of a new standard ; it may then be considered as an opportunity for stakeholders to promote the specificities and the diversity of their personal opinions and situations, based on open-minded logic and dialogue. In fine and more generally, it leads to the following question : what are the governance conditions which facilitate the implementation and the appropriation of sustainable development ? This also draws attention to the conditions and procedures required for assessing sustainable development indicators.
Bien qu’on observe un foisonnement d’initiatives d’élaboration d’indicateurs de développement durable, force est de constater qu’il ne fait l’objet que d’une faible appropriation, posant ainsi la question des conditions et des modalités de sa mise en place. Dans un premier temps les auteurs proposent une illustration de ce foisonnement de référentiels et d’initiatives de mise en œuvre du développement durable dans le domaine de l’aquaculture. Ils présentent une grille d’évaluation de ces initiatives au regard des caractéristiques du développement durable. L’article décrit, dans un deuxième temps, la démarche de co-construction des principes, critères et indicateurs choisie en réponse à l’hypothèse que la mise en place du développement durable nécessite l’implication des acteurs concernés ainsi qu’un processus d’apprentissage collectif. L’élaboration des indicateurs s’effectue en les définissant par rapport à des critères, qui eux même se réfèrent à des principes permettant ainsi de prendre en compte les enjeux locaux, les représentations que les acteurs ont du développement durable et de ses conséquences sur l’évolution de leurs métiers. Cette méthode dite Principes-Critères-Indicateurs est ensuite rapprochée d’autres expériences prônant la construction d’indicateurs territoriaux de développement durable. Enfin la troisième partie offre une analyse réflexive du protocole proposé qui débouche sur un inventaire plus général des conditions et des modalités d’appropriation du développement durable. Les conditions et les modalités qui sont ainsi mises en exergue témoignent du besoin l’apprentissage collectif que nécessite l’appropriation d’un nouveau système de valeur. Elles mettent aussi l’accent sur les conditions organisationnelles et institutionnelles de cet apprentissage, qui implique la définition d’un dispositif de co-construction et la mobilisation d’objets intermédiaires. La démarche proposée illustre ainsi le pluralisme des fonctions des indicateurs, qui au-delà de leur vocation de mesure et d’information, jouent aussi un rôle important en tant que construction normative. De fait les critères et indicateurs constituent des outils « facilitateur » ou « médiateur » que les acteurs utilisent dans le processus de déconstruction/construction de mise en place du développement durable. Les auteurs rejoignent ainsi les constats récents issus de l’évaluation des démarches de construction d’indicateurs de développement durable qui témoignent de l’importance de leur fonction d’appui à la concertation et d’aide à l’expression et à la convergence des représentations. Dans ce registre des outils d’appui à l’apprentissage et à l’animation de démarches collectives, par rapport à d’autres outils ou dispositifs généralement utilisés en appui de la concertation, la construction collective d’indicateurs de développement durable procure un « double dividende » au sens où elle permet conjointement de renforcer l’évaluation des politiques publiques de développement durable. Enfin le processus de co construction proposé, en tant qu’il permet la construction collective d’une nouvelle norme, constitue alors une ouverture et une opportunité pour les parties prenantes de faire reconnaître les spécificités et la diversité de leurs points de vue et de leurs situations dans une logique d’ouverture et de concertation. Il conduit donc in fine à s’interroger plus généralement sur les conditions de gouvernance facilitant la mise en œuvre et l’appropriation du développement durable et attire l’attention sur le processus et les conditions d’élaboration des grilles d’indicateurs.