Un fort mouvement de refus des OGM s'est développé à la fin des années 90 dans de nombreux pays, notamment en Europe alors que ces technologies avaient été présentées à leur apparition comme très prometteuses. Comment expliquer ce mouvement de rejet ? L'auteur vise à répondre à cette question dans le cas de la France assez représentatif de divers pays européens, même si l'opposition est particulièrement forte. Il cherche à appréhender divers facteurs, acteurs et processus ayant conduit à cette vive opposition aux OGM qui a presque totalement empêché leur développement dans l'agriculture européenne jusqu'à présent. En préalable il rappelle les résultats de plusieurs enquêtes récentes montrant le niveau d'acceptation ou de refus du génie génétique dans divers pays. Puis il examine des facteurs importants de rejet : la mise en avant des risques potentiels des OGM et leur forte médiatisation, couplées à l'insuffisance des réponses à ces critiques, et l'établissement d'un bilan bénéfices/risques des OGM souvent perçu comme très déséquilibré. Enfin les OGM semblent cristalliser diverses inquiétudes et contestations sur l'évolution de l'agriculture et le fonctionnement de la société (entre autres une confiance limitée dans les institutions et les firmes) et ils paraissent souvent rejetés en tant que symbole de tendances d'évolution perçues négativement.