La mise en oeuvre de la libéralisation dans le secteur rural prend des formes différentes suivant les pays en fonction de la capacité des organisations à influencer les politiques économiques. A partir de l'approche du changement institutionnel de D. North, les auteurs proposent un schéma d'analyse du rôle des organisations dans l'élaboration des politiques. Ils étudient ensuite les trajectoires contrastées de deux filières agricoles soumises au même choc institutionnel de l'entrée du Costa Rica à l'Organisation mondiale du commerce. Les études de cas portent sur la négociation des droits de douane à l'importation pour deux productions traditionnelles destinées au marché intérieur : le lait dont la filière va être dynamisée et le haricot qui va péricliter. Les auteurs montrent que les acteurs de la filière lait ont su construire des espaces spécifiques de concertation et de négociation avec le gouvernement, ce qui aboutit à la défense d'une réelle vision du secteur, alors que les intérêts de la filière haricot restent très éclatés. Il en résulte que les producteurs et leurs organisations ont une marge de manoeuvre pour négocier leurs conditions de passage dans l'environnement libéralisé, mais que celle-ci s'inscrit dans une dépendance de sentier qui détermine en grande partie les ressources que les organisations vont pouvoir mobiliser pour négocier les politiques.