Avec la multiplication des alertes d'ordre sanitaire et environnemental, l'agriculture est de plus en plus perçue comme un facteur de risques par de nombreux Français. Et on demande aujourd'hui à l'agriculture de ménager l'environnement et de contribuer à conserver les particularités qui singularisent les territoires ou les pays. Assisterait-on à une inflexion marquante de l'évolution de l'agriculture française engagée, depuis l'après-guerre, dans une dynamique que l'on peut qualifier de productiviste ? Pour répondre à cette question, il est d'abord nécessaire d'identifier le malaise actuel de l'agriculture française et les éléments qui ont récemment contribué à modifier ce qu'on pourrait appeler un imaginaire social-historique sur lequel s'est construit le productivisme. Puis, rejoignant le domaine de la politique agricole, le texte analyse le tournant environnemental qu'elle a connu depuis dix ans, en prenant l'exemple des mesures agri-environnementales (MAE). Il se termine par une réflexion sur les difficultés suscitées par la redéfinition d'une politique publique agricole prenant en compte de complexes enjeux nationaux et mondiaux.