Au travers d'une grille de lecture institutionnaliste du changement institutionnel, est proposée une analyse comparative des politiques agricoles dans trois régions et huit départements français, mises en regard avec celles menées dans six autres régions européennes (allemandes, italienne, espagnole et britanniques). Des facteurs d'inertie sont tout d'abord mis en évidence qui constituent autant d'entraves aux innovations institutionnelles. Le premier élément est relatif à la "capture des élus" par la profession agricole. Ce phénomène se conjugue avec une difficile maîtrise de réseaux d'informations particulièrement opaques et une sous-détermination des règles dans la gestion publique locale de la politique agricole. Il existe toutefois, à la marge de ces éléments d'inertie, quelques "fenêtres d'opportunités" susceptibles de se traduire, à terme, par des changements institutionnels. La première est liée aux initiatives prises par les administratifs en charge des questions agricoles. La seconde piste d'évolution potentielle a trait à la sédimentation de nouvelles mesures (émanant entre autres de l'Union européenne) sur des procédures anciennes, ce qui peut conduire à un certain décloisonnement des mesures sectorielles en faveur de mesures plus territoriales d'action publique. Le troisième facteur d'évolution est lié à l'implication croissante de nouveaux acteurs dans la gestion publique des questions agricoles et rurales. Enfin, une quatrième source de changement réside dans le foisonnement des échelles territoriales d'intervention qui, tout en générant de la complexité, peut aussi induire des changements dans les politiques locales.