Ce que l'on appelle la "multifonctionnalité", c'est-à-dire la prise en compte de ses différentes "fonctions" environnementales, constitue une approche très normative des services écologiques de l'agriculture. Une autre approche, positive et plus rigoureuse, est possible via le concept d'externalité et permet de mieux cerner leurs modalités d'internalisation. Cependant, pour la mettre en oeuvre, il faut clarifier un certain nombre de concepts développés par la théorie économique dans le champ des "markets failures" et de leurs modalités possibles de régulation. Il est alors possible de montrer que l'internalisation des externalités positives et négatives de l'agriculture est fort différente selon la structure des marchés agricoles et le degré de concurrence auquel les agriculteurs sont confrontés : les marchés spécifiques de produits et services de qualité constituent un secteur privilégié de valorisation d'externalités environnementales positives, alors que les marchés des produits génériques, soumis à une forte concurrence, accroissent les effets externes négatifs de l'agriculture en externalisant les surcoûts de préservation des ressources naturelles. Cela impose alors de recourir à des politiques publiques appropriées.