A partir d'une analyse du comportement d'investissement d'un panel d'exploitations agricoles individuelles en Pologne sur la période 1996-2000, l'objectif de l'article est de vérifier si des imperfections persistent sur le marché du crédit rural en Pologne plus de cinq ans après le début de la transition. Un modèle d'accélérateur augmenté d'une variable de liquidité est utilisé. Le coefficient associé à la variable de liquidité est significatif et positif lorsque le fonctionnement du marché rural du capital est affecté par des imperfections. De telles imperfections signifient en effet que les fonds externes sont plus coûteux que les fonds internes pour certaines exploitations. Les exploitations qui font face aux contraintes de crédit les plus fortes peuvent être identifiées en séparant l'échantillon total en deux groupes, comme le proposent Fazzari et al. (1988). Les résultats supportent la thèse de la présence d'imperfections sur le marché du crédit rural polonais pendant la période 1996-2000. L'identification des exploitations plus ou moins contraintes suggère que l'information asymétrique entre les banques et les agriculteurs portait surtout sur l'évaluation ex ante de la capacité d'emprunt de ces derniers. Dans l'échantillon utilisé, ce sont en effet les exploitations ayant le moins de collatéral qui ont subi les plus fortes contraintes. La conclusion confirme les résultats d'autres études portant sur les exploitations agricoles polonaises, mais semble en contradiction avec l'intervention gouvernementale sur le marché du crédit rural en Pologne, qui favorisait les prêts à taux subventionné plutôt que les garanties de crédit.