L'élevage bovin viande en Guadeloupe se caractérise par un cheptel dispersé entre un grand nombre de producteurs (76% des éleveurs possèdent moins de dix têtes, et regroupent 44% du cheptel), le plus souvent pluriactifs et de toute manière exceptionnellement éleveurs spécialisés, et par un mode de conduite original largement dominant : l'élevage au piquet. Les principales références technico-économiques disponibles, par ailleurs peu nombreuses, privilégient les élevages dits modernes ("conduites sans piquet") en les classant selon la nature de leur production (naisseur/naisseur-engraisseur/engraisseur). Les auteurs, appartenant à une équipe d'économie rurale et une de zootechnie se sont donc investis dans l'étude des pratiques des éleveurs, avec comme objectif pour les uns de parvenir à une modélisation du fonctionnement des exploitations agricoles, et pour les autres de comprendre les différentes pratiques mises en oeuvre dans la conduite des élevages et leurs conséquences. La communication présente les premiers résultats de cette étude. Dans un contexte d'information limitée, des étapes successives d'enquêtes auprès des éleveurs et de consultations d'experts ont été alternées. Diverses conduites d'élevage ont été identifiées et décrites. Si le mode de gestion du pâturage demeure un critère important, d'autres éléments comme la consommation en ressources (espace pâturé, main-d'oeuvre, intrants, crédits), le type d'alimentation, la taille du cheptel, la conduite de la reproduction et la stratégie génétique sont pris en compte dans la différenciation des conduites. Celles-ci se traduisent par des performances technico-économiques difficilement évaluables en dehors de suivis. Elles correspondent par ailleurs à des différences de milieu physique, de technicité, de place et de fonction de l'élevage bovin au sein du système de production. Les conséquences de cette diversité en termes de développement et de recherche sont avancées en conclusion.