L'évaluation et la gestion publique des risques doivent de plus en plus composer avec la mobilisation de "profanes" qui revendiquent une légitimité à participer au processus d'expertise. Le terme de profane appelle une clarification de sens afin d'éclairer les différentes formes d'engagement d'acteurs a priori non spécialistes des questions faisant l'objet d'une expertise. A partir des cas des risques liés à l'ESB et aux faibles doses de rayonnements ionisants, les auteurs retracent les différentes postures construites par des "profanes" devenus acteurs de l'expertise. Ils se démarquent de la définition en creux du profane en terme de non-spécialiste qui ne peut a priori être considéré ni comme "compétent pour", ni habilité à émettre un avis éclairé sur une question. Le profane devient alors celui qui sans statut officiel peut revendiquer l'exercice d'un droit à l'information incluant un accès à l'ensemble du processus de production des avis et des données. Cette définition se rapproche de la notion de "groupe concerné" (Callon et al., 2001). L'objectif des auteurs est de montrer comment se construit une expertise pluraliste et ouverte aux non-spécialistes, sachant qu'au-delà de la contention d'un risque particulier, se pose la question de savoir dans quel monde nous voulons vivre, que nous soyions directement concernés ou non par ce risque (Beck, 2001). Estimer des degrés de nocivité revient donc à tracer le contour des collectifs et la démarche de construction des savoirs sur ces objets.