La diversification a été sous sa forme polyculture-élevage-artisanat un élément fondamental de l'agriculture européenne avant la Seconde Guerre mondiale. La modernisation de l'agriculture consécutive aux réussites de la spécialisation a, dès 1950, imposé ses politiques de mécanisation et d'agrandissement des structures foncières. Cependant, l'exploitation agricole diversifiée a résisté, soit comme phénomène minoritaire des exploitations de petites tailles exclues de l'agriculture professionnelle, soit, toujours dans le souci d'apporter un complément de revenus, à des exploitations établissant leur autonomie par des moyens variés, et s'intégrant à l'agriculture professionnelle. Ces initiatives individuelles semblent se développer un peu partout en Europe. Le constat de la diversité comme phénomène réussi dans les décennies 1970, 1980 et 1990 commence à s'imposer, mais sa mesure statistique est difficile à réaliser. Alors que le RICA (Réseau d'information comptable agricole) n'en tient pratiquement pas compte sauf dans l'OTEX polyculture-élevage, lors du dernier recensement agricole en France, RGA 2000, plus de 40 questions sur 200 concernent directement ou indirectement la diversification et la pluriactivité. Mais les résultats pour la France sont très ambigus. D'un côté, les chiffres sont loin d'être négligeables : 210 000 agriculteurs disposant d'un signe de qualité, 100 000 pratiquant la vente directe... Mais, malgré ces 15% qui sont diversifiés, 350 000 agriculteurs (soit environ 35%) ont disparu en 12 ans, depuis le recensement de 1988. Certains contestent ce chiffre de 15%, car ces chiffres français ne décrivent pas l'ensemble de l'Europe. Un doublement de ces 15% ne semble pas impossible si une politique favorable d'installation était développée et si cela devenait une véritable priorité européenne. Plus de la moitié des 10 millions d'agriculteurs des pays de l'Europe centrale pourraient aussi se retrouver dans cette catégorie. Elle représenterait alors 7 millions d'exploitations agri-rurales sur un total de 17 millions. Le projet IDEAS correspondait donc à une nécessité évidente ; la diversification innovante, à cause de son caractère souvent individuel, a du mal à se développer et à se faire reconnaître.