L'essor des principes de la médiation et le développement des nouveaux métiers du travail social depuis les années 80 invitent à mettre en perspective ces pratiques, en les insérant dans leur contexte d'émergence, et en soulignant leur singularité par rapport aux formes d'entraide passées. Cette visée historique permet, en particulier, de décrire le passage d'une gestion du lien social, assurée par les institutions traditionnelles d'encadrement des classes populaires (Eglise, syndicats, partis ouvriers) à un travail social effectué par des acteurs professionnels (travailleurs sociaux, animateurs, employés communaux). Il s'agit d'identifier les différents acteurs mobilisés auprès des populations socialement fragiles, en fonction des contextes socio-historiques, ainsi que les transformations de leur pratique, sous l'impact de l'émergence d'une rationalité technique, mais aussi du changement social. Vouloir saisir la spécificité des formes contemporaines de la régulation sociale appelle une posture socio-historique, mettant l'accent sur la transformation des conditions sociales et historiques des mobilisations collectives. C'est donc à partir de l'analyse des mutations des solidarités militantes, au sein de différentes régions industrielles, que l'auteur analyse l'émergence de nouvelles logiques de la gestion du lien social dans les quartiers populaires avec, en particulier, l'essor de pratiques de médiation sociale.