L'approche quantitative des connexions science-technologie a beaucoup progressé dans la dernière décennie, notamment grâce aux méthodes bibliométriques. On examine dans le chapitre le lien lexical entre publications et brevets, méthode alternative à la mise en relation des brevets et des articles scientifiques qu'ils citent. Les auteurs explorent en particulier la possibilité d'établir des tables de correspondance entre les classifications de brevets et les catégories scientifiques. Après un rappel du contexte méthodologique (liens ST, méthodes lexicales, aspects statistiques) on expose les résultats d'une étude exploratoire sur un sous-ensemble de la base Chemical Abstracts database (CA) qui rassemble des articles et des brevets traités par un système d'indexation très précis. Les mesures de liens ont été établies d'abord sur le vocabulaire contrôlé, puis sur certains champs en langage naturel. La comparaison montre une certaine robustesse de l'approche lexicale, avec de nettes limites au niveau micro : le partage d'un sujet par un article et un brevet ne peut, en règle générale, être interprété comme le partage d'une question de recherche. Au niveau macro, par exemple les sous-classes de la CIB et les catégories de l'ISI, l'approche lexicale est prometteuse, complémentaire des habituelles analyses citationistes basées sur des matrices très creuses, car les performances infométriques des méthodes lexicales peuvent être réglées dans une large plage de précision-rappel. Pour étendre ces méthodes à des bases de données spécialisées soit sur les articles soit sur les brevets, il faut effectuer des traitements de langage qui peuvent être allégés si on cherche simplement des correspondances à un niveau macro.