La politique de mise en oeuvre de la Directive européenne Habitats apparaît comme un tournant dans les politiques de la nature puisqu'elle cherche à promouvoir la conservation de la diversité biologique, à l'échelle du territoire européen, en rompant avec la logique de sanctuaires qui a prévalu jusqu'alors. Les activités humaines ne sont plus considérées comme une entrave à la biodiversité, mais comme une condition de sa production. Mais, ce faisant, les politiques de la nature sont confrontées à d'autres types de légitimités et de préoccupations économiques, sociales et culturelles. La vive controverse et l'action de lobbying de nouvelles catégories d'acteurs (chasseurs, forestiers, représentants du monde agricole), qui estimaient avoir une légitimité dans la définition et la gestion des espaces concernés par la Directive, ont amené les pouvoirs publics français à infléchir la dynamique institutionnelle prévue initialement. Cela a nécessité de mettre en oeuvre, au niveau local, des "bricolages" institutionnels qui, par le truchement de dispositifs transversaux, ont permis soit l'acceptation des objectifs de la Directive avec la participation des opposants aux structures de négociation, soit l'élaboration de nouvelles normes communes. Ce processus complexe a conduit à une diversité d'arrangements institutionnels, tant au niveau des opérateurs qu'à celui des objectifs et de moyens mis en oeuvre.