Development, social embededdness and closure of the land sale market : illustrations from Côte d'Ivoire
Emergence, enchâssement social et involution du marché foncier : perspectives ivoiriennes
Résumé
Le document propose une contribution à la discussion des conditions d'émergence et de développement des transactions foncières en Afrique à partir du cas de la Côte d'Ivoire. Sur la base d'une revue de la littérature, la première partie montre que l'émergence des transactions foncières en zone forestière de Côte d'Ivoire ne s'est pas opérée selon la dynamique suggérée par le modèle évolutionniste de la théorie économique des droits de propriété : (i) La marchandisation de la terre reste largement "imparfaite" du fait de l'enchâssement social des transferts fonciers dans la relation autochtones-migrants. (ii) La relation entre l'émergence des "ventes" et la pression démographique n'est pas vérifiée. (iii) L'idée d'une évolution séquentielle entre l'ouverture du faisceau de droits et la marchandisation de ces droits est infirmée empiriquement. (iv) L'émergence des transactions foncières ne résulte pas d'un simple jeu des prix relatifs, mais demande à être resituée par rapport à la politique coloniale, puis post-coloniale, conduite relativement aux rapports entre autochtones et migrants. (v) Des transactions passées, qui semblaient sécurisées par leur reconnaissance sociale, peuvent être remises en cause par les dynamiques sociales (renouvellement des générations et évolution des normes sociales, en particulier) ou d'une évolution plus large des rapports de force dans la société. La marchandisation des droits d'appropriation n'est donc pas l'étape ultime d'un processus linéaire. La seconde partie du document traite de la question du marché foncier dans un village de Basse-Côte. Ce cas présente une situation atypique qui permet, dans une perspective comparative, de tester l'interprétation des conditions de marchandisation imparfaite de la terre dans le contexte plus général de la zone forestière. La spécificité du cas apparaît relativement à la question de la sécurité des droits acquis sur le marché. L'absence de conflictivité de la situation étudiée, qui tranche avec le cas général de la zone forestière, est expliquée par le caractère d'ancien no man's land de la petite région étudiée, i.e., par l'absence d'un enjeu foncier autochtone.